Le samedi 31 janvier, le groupe parlementaire radical, réuni en séminaire à Thoune, prenait position contre l'augmentation de la TVA. Le sujet n'était pas à l'ordre du jour, mais son irruption dans le débat ne devait rien au hasard. Cela se confirmait trois semaines plus tard, lorsque l'entier de la direction du parti prenait à son tour position contre l'augmentation de la TVA et entrait en campagne pour son propre compte, en se démarquant de l'UDC sur la forme plutôt que sur le fond. Entre-temps, les femmes radicales s'étaient au contraire prononcées pour l'augmentation de la TVA. Ajoutés aux remous enregistrés autour de la succession de Christiane Langenberger, ces incidents ont provoqué quelques mouvements d'humeur dans les rangs du parti. Ils traduisent bien, par ailleurs, l'état des courants et des dissensions qui traversent le parti.
Au parlement, les élus radicaux s'étaient pourtant prononcés
en majorité en faveur de l'augmentation de la TVA. En vote final, le 3 octobre au Conseil national, plusieurs s'étaient abstenus mais un seul s'y était opposé. Entretemps, il y a eu les élections du 19 octobre, plus la réélection du Conseil fédéral, qui ne sont pas restés sans effets sur les rapports des radicaux à la politique sociale. Le parti a clairement marqué sa volonté de prendre de la distance avec Pascal Couchepin, au débit duquel il a mis une part de sa débâcle électorale, suite à ses déclarations extrêmement impopulaires sur l'élévation de l'âge de la retraite, au mois de mai. Le chef du Département de l'intérieur a ainsi perdu, au tournant de l'année, une partie du soutien du groupe parlementaire et du parti, et les rapports se sont distendus. L'arrivée de nouveaux élus très marqués à droite, l'élection de Hans-Rudolf Merz au Conseil fédéral, le grand souffle de vertu budgétaire et la vague des programmes d'économies ont également joué leur rôle. La majorité du groupe parlementaire s'est repentie d'avoir apporté l'an dernier son soutien à l'augmentation de la TVA et a trouvé, avec la nomenklatura du parti, de bonnes raisons pour changer d'avis.
Les décisions que prendra l'assemblée des délégués, samedi, seront un bon indicateur de l'état de la base, qui ne réagit pas toujours exactement comme les élus, et un bon indice de l'intensité du rapprochement du parti avec economiesuisse. Le refus d'une augmentation de la TVA est un élément essentiel du concept des dépenses de l'organisation faîtière de l'économie. Le refus du financement du congé maternité par les réserves de l'assurance perte de gain aussi. Sur le premier objet, la messe semble dite, l'augmentation de la TVA semble condamnée, avec le concours actif de la direction du parti. Avec le concours non moins actif de cette même direction, qui soutient dans ce cas Pascal Couchepin, le congé maternité devrait être tiré d'affaire. Le conseiller national bernois Pierre Triponez, directeur de l'USAM, est l'âme du projet, le groupe parlementaire s'est prononcé pour à deux contre un et les deux candidats à la présidence y sont favorables. En août 2001, à Herisau, Pierre Triponez avait convaincu le congrès radical, qui l'avait suivi alors par 127 voix contre 27. Les temps ayant changé, cela devrait être un peu plus difficile samedi, mais pas trop.