Réuni ce mardi après-midi en assemblée générale, le Comité unitaire de lutte des services publics, renforcé par le secteur social subventionné, a décidé de reconduire son mouvement de grève mercredi. Sur plus de 1000 personnes présentes, seules 30 à 40 voix se sont élevées pour s’y opposer, une centaine d’autres ont préféré s’abstenir. A 17h, les manifestations se réuniront place Neuve au centre-ville avant que le cortège ne prenne la direction des Rues basses avant de rejoindre le cœur du pouvoir politique en Vieille-Ville, siège de l’exécutif. La dernière manifestation avait rassemblé près de 10 000 grévistes.

Les fonctionnaires ont maintenu leurs revendications – condition impérative d’un retour aux tables des négociations –, à savoir le retrait des mesures d’économies que veut lui imposer le Conseil d’Etat. L’exécutif cantonal genevois veut atteindre l’objectif d’une diminution des charges de personnel de 5% en trois ans à partir de 2016. La suppression de postes et le passage du travail hebdomadaire de 40 à 42 heures demeurent parmi les propositions du gouvernement pour atteindre cet objectif.

«Il faut songer à épuiser l’ennemi»

Les fronts sont-ils figés pour autant? Peut-être moins qu’il n’y paraît. Au sein de la fonction publique, plusieurs voix s’élèvent pour se plaindre de la fatigue liée au mouvement contestataire, ces dernières avançant qu’elles continuent à délivrer la prestation publique et assurer un service minimum. «Il faudrait réfléchir comment, à l’avenir, nos grèves pourraient être moins épuisantes pour nous et plus pour nos ennemis», questionne un enseignant du Cycle d’orientation de la Golette. D’autres manifestants proposent de changer de stratégie en «scindant» la grève sur plusieurs jours, permettant d’étaler la «grogne» sans mobiliser l’intégralité des forces.

Le Conseil d’Etat déclare n’avoir aucun tabou sur les pistes d’économies

Quant au Conseil d’Etat, la certaine fermeté qui avait prévalu dans ses rangs avant les mouvements de protestation semble alanguie. Ses magistrats de gauche – Anne Emery-Torracinta (PS) à l’Instruction publique et Antonio Hodgers (Verts) à l’Urbanisme – sont toujours ardemment critiqués pour leur (trop grande) proximité avec leurs collègues de droite et pourraient être fragilisés par leur base. Quant au président du gouvernement, le libéral-radical François Longchamp, il tient désormais un discours plus diplomatique sur les réformes à entreprendre. «Nous avons signifié à de nombreuses reprises [au Comité unitaire] que nous étions ouverts à d’autres pistes», expliquait samedi dans nos colonnes le conseiller d’Etat, précisant qu’il n’y avait «aucun tabou» pour autant que leurs propositions «ne reprennent pas des projets que le peuple a récemment refusés».