Migration
AbonnéEntre promiscuité, bagarres et manque de chaleur humaine, des pensionnaires décrivent leurs conditions de vie dans ce centre d’hébergement critiqué depuis son ouverture en 2016

«Ici, je me sens comme en prison, mes parents me manquent, j’angoisse en pensant à l’avenir.» D’une voix basse, presque éteinte, Farid*, 20 ans, confie son désarroi en cette froide soirée de janvier. D’origine afghane, le jeune requérant d’asile est arrivé encore mineur au foyer de l’Etoile à Genève après un long périple à travers l’Europe. C’était en 2016, peu après l’ouverture de la structure, au plus fort de la crise migratoire. «Depuis, rien n’a changé, les problèmes sont les mêmes», lâche-t-il avec amertume, évoquant pêle-mêle la promiscuité, les bagarres, les multiples contrôles pour entrer et sortir, mais surtout le manque de chaleur humaine. A défaut de recevoir dans sa chambre aux murs nus «dont il a honte», Farid a préféré le café du coin, où il peut revêtir, l’espace de quelques heures, le costume d’un «jeune normal».