Christian Levrat: «Fribourg manque de présence sur la scène romande et nationale»
Fribourg
AbonnéLe président du Parti socialiste suisse, qui remet son mandat dans un mois, est candidat au gouvernement de son canton. Il souhaite le rendre plus visible et espère un meilleur équilibre gauche-droite

Christian Levrat a levé le suspense lundi: il est bel et bien candidat au Conseil d’Etat fribourgeois. Sauf surprise, il remettra la présidence du PS suisse le 17 octobre au tandem alémanique Mattea Meyer-Cédric Wermuth et sera alors libre pour relever un défi. Ce sera une candidature au gouvernement de son canton à l’occasion de son renouvellement, en novembre 2021.
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«J’ai envie de continuer à faire de la politique et j’ai envie de retrouver la politique de terrain, un contact plus direct avec la population que cela n’est le cas au parlement fédéral. J’avais un lien très direct dans le cadre de mon activité syndicale. J’aime être à l’écoute des gens et mettre les mains dans le cambouis», explique-t-il au Temps.
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Ce PS où les hommes succèdent aux femmes…
Le futur ex-président du PS suisse, fonction qu’il aura occupée pendant douze ans, a fait part de sa décision lundi, plus d’un an avant les élections cantonales. Il se positionne ainsi de manière forte pour la succession de l’actuelle présidente du Conseil d’Etat, Anne-Claude Demierre, qui arrive au terme d’un mandat gouvernemental qu’elle aura exercé pendant quatorze ans.
Comme Esther Waeber-Kalbermatten en Valais, Anne-Claude Demierre est la seule femme du collège cantonal. Comme Mathias Reynard en Valais, Christian Levrat est le candidat que le PS profile pour sa succession. Dans les deux cas, un homme socialiste pourrait ainsi succéder à une femme socialiste.
N’est-ce pas problématique pour un parti qui se présente comme le grand défenseur de l’égalité? «Je défends l’idée d’une gauche plurielle et j’espère que la gauche pourra présenter, éventuellement avec les Verts, des listes paritaires. Et l’égalité n’est pas l’exclusivité de la gauche. C’est aussi valable pour les autres partis», répond-il. Il fait surtout allusion au PDC, qui devra remplacer Georges Godel, également en place depuis 2007, et indirectement au PLR lorsque celui-ci jugera le moment venu de trouver un successeur à Maurice Ropraz, membre du gouvernement depuis 2012 et qui a précédemment été préfet de la Gruyère pendant dix ans.
«Fribourg ne doit pas juste être un canton de pendulaires»
Le Conseil d’Etat fribourgeois est composé actuellement de trois démocrates-chrétiens, de deux libéraux-radicaux et de deux socialistes. Et cela depuis 2018, date à laquelle le PLR Didier Castella a soufflé la place revendiquée par la gauche après la démission de l’écologiste Marie Garnier. «Il est nécessaire de rééquilibrer cette majorité. Il me paraît réaliste que la gauche reprenne un siège à la droite, qui est surreprésentée. Il faut pour cela que la gauche se montre unie», plaide Christian Levrat.
Il espère faire profiter le gouvernement cantonal de son expérience fédérale et des réseaux qu’il a tissés à Berne. «Ces dernières années, la députation fédérale était très présente. Mais, en comparaison avec le Valais, pour prendre l’exemple d’un autre canton bilingue, Fribourg pourrait renforcer sa présence sur la scène politique romande et nationale. Il me paraît nécessaire de tout faire pour y implanter davantage d’emplois. Fribourg ne peut pas se contenter d’être un canton de pendulaires déchiré entre Berne et Lausanne. J’aimerais renforcer la présence et la force de persuasion du Conseil d’Etat», poursuit-il.
Départ programmé de Berne
Parmi ses priorités, il souhaite «participer à la gestion de la crise sanitaire sur le plan cantonal et au rattrapage du retard pris en matière d’infrastructures», poursuit-il. Dans son annonce de candidature, il évoque aussi les enjeux économiques, sociaux et environnementaux.
S’il est élu au Conseil d’Etat dans un an, il se retirera de Berne. La Constitution cantonale dit explicitement que «les membres du Conseil d’Etat et les préfets ne peuvent pas être membres de l’Assemblée fédérale». En cas d’élection, Christian Levrat devra donc quitter le Conseil des Etats, sans doute à la fin de la session de décembre 2021. Il est membre de la Chambre des cantons 2012, où il a succédé à Alain Berset. Précédemment, il avait siégé pendant neuf ans au Conseil national. A la même époque, il avait présidé le Syndicat de la communication et occupé la fonction de vice-président de l’Union syndicale suisse.