La gauche fribourgeoise rêve de renverser la majorité bourgeoise. Ce serait une première historique dans un canton ancré à droite où le PDC a, durant des décennies, largement dominé la vie politique.

Socialistes, Vert·e·s et chrétiens-sociaux ont décidé mardi soir de partir unis, comme au premier tour, et de présenter quatre candidats. Cette stratégie a été discutée car certains, plus timorés, rappelaient que l’objectif de la gauche – avant le 7 novembre – était de retrouver son 3e siège perdu en 2018. D’autres soulignaient encore que le Grand Conseil restait lui majoritairement à droite. Mais les plus conquérants ont été les plus convaincants. Et la gauche va donc tenter de surfer sur la vague de ce week-end où elle a placé quatre des siens aux sept premières places.

Alizée Rey se sacrifie

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Sans surprise, les socialistes Jean-François Steiert (1er) et Valérie Piller Carrard (4e), ainsi que l’écologiste Sylvie Bonvin-Sansonnens (2e) seront candidats le 28 novembre. Pour la 4e place sur le ticket, la présidente du PS, Alizée Rey, s’est sacrifiée, alors qu’elle avait terminé 6e dimanche. Son retrait a pour objectif de mobiliser toutes les forces de gauche, puisque avec la candidature de Sophie Tritten, le Centre gauche-PCS sera aussi représenté. Alizée Rey explique sa décision: «J’ai choisi de me retirer pour renforcer la gauche unie dans sa diversité et afin de resserrer les rangs, pour proposer aux Fribourgeoises et aux Fribourgeois des réponses concrètes et adéquates aux prochains défis à relever dans notre canton.» Unie, la gauche veut proposer une alternative et «donner un nouveau visage et une nouvelle orientation à Fribourg». Elle insiste aussi sur la candidature de trois femmes, ce qui tranche avec la droite.

Une liste purement masculine

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Sa liste sera en effet composée uniquement d’hommes. La centriste Luana Menoud-Baldi, 10e du premier tour, a été sacrifiée. Une décision qui laisse la nouvelle venue en politique très amère. Elle a dit regretter «que les partis de l’Entente aient banni toute représentation féminine du ticket». Ce choix signifie aussi que l’ex-PDC n’aura, au mieux, plus que deux élus au gouvernement. Du jamais vu à Fribourg.

Cette stratégie d’alliance a pour objectif de sauver un autre démocrate chrétien, le conseiller d’Etat sortant Jean-Pierre Siggen, en mauvaise posture avec son 9e rang. Le Centre et le PLR ont ainsi décidé de partir avec l’UDC pour tenter de conserver leur majorité. La droite, finalement unie, présente comme deuxième centriste Olivier Curty, les deux PLR Didier Castella et Romain Collaud, ainsi que l’UDC Philippe Demierre. Les démocrates du centre espèrent retrouver le Conseil d’Etat dont ils sont absents depuis 1996. Toutefois, Philippe Demierre n’avait terminé que 11e et son élection constituerait une grosse surprise.

La campagne pour le premier tour avait été plutôt terne. Aujourd’hui, tout s’accélère avec un vrai enjeu: la majorité au gouvernement, même si la gauche ne part pas favorite.

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