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Fribourg veut revoir le statut du personnel hospitalier

Pour sortir l’hôpital cantonal de la crise, le Conseil d’Etat propose un plan de réformes important, dont une modification des conditions salariales des employés. C’est le tollé du côté des syndicats

Entrée des urgences de l’Hôpital fribourgeois. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT/Keystone
Entrée des urgences de l’Hôpital fribourgeois. — © JEAN-CHRISTOPHE BOTT/Keystone

Aux grands maux les grands remèdes. Le Conseil d’Etat fribourgeois a annoncé lundi un important plan de mesures, visant à sortir l’Hôpital fribourgeois (HFR) de la profonde crise qu’il traverse tant sur le plan financier que de son organisation. Les propositions du gouvernement étaient très attendues dans une affaire où il s’était montré discret ces derniers temps. «Nous avons mené de nombreuses discussions depuis le mois de janvier, il nous fallait trouver un consensus, hors des pressions extérieures», justifie Georges Godel, président du Conseil d’Etat.

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Pour marquer l’importance de l’annonce du jour, le gouvernement était présent in corpore (à l’exception de la Verte Marie Garnier démissionnaire) pour présenter la série de mesures qu’il proposera à l’approbation du Grand Conseil. Le plan se veut important. Il prévoit notamment la professionnalisation et la dépolitisation du conseil d’administration de l’HFR, aujourd’hui fort de pas moins de 17 membres et marqué par la présence de trois députés et du conseiller d’Etat responsable de la Santé.

14 millions de déficit

Le gouvernement juge par ailleurs très sévèrement la gestion de l’hôpital. «En 2017, année qui se termine avec un déficit de plus de 14 millions, l'HFR a augmenté son personnel de 91 équivalents plein-temps, dont 40 hors budget, sans hausse de l’activité», donne en exemple Anne-Claude Demierre, la ministre responsable.

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La mesure la plus spectaculaire, et la plus sensible, concerne les employés. Le Conseil d’Etat propose de les sortir de la loi sur le personnel de l’Etat et de créer pour eux un nouveau cadre légal plus en adéquation avec un marché de la santé ouvert à la concurrence. «Nous devons donner à l’HFR cette marge de manœuvre dans la gestion de son personnel», plaide Georges Godel.

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La proposition fait bondir les syndicats. Une assemblée générale extraordinaire est agendée pour mercredi prochain, 16 mai, afin de décider les mesures de lutte. Le Conseil d’Etat, quant à lui, veut aller vite. Son plan de réforme devrait être rapidement discuté au Grand Conseil, peut-être déjà durant ce mois de mai.

«Mesures pas convaincantes» - Michel Guillaume

Vice-président du conseil d’administration de HFR, Pierre Aeby n’est pas convaincu par les deux principales mesures prises par le gouvernement fribourgeois. En ce qui concerne la gouvernance, l’ex-conseiller d’Etat socialiste prône le modèle vaudois concernant le CHUV. Selon ce modèle, l’Hôpital fribourgeois est intégré dans l’organigramme de la direction de la santé et son directeur reçoit le statut d’un chef de service. Ce d’autant plus que le HFR devient cette année un hôpital universitaire à part entière avec l’ouverture d’un master en médecine de famille dès cet automne. «Cela fonctionne très bien dans le canton de Vaud, mais je suis conscient que c’est politiquement difficile à mettre en œuvre à Fribourg.»

Quant à la proposition de créer une loi spécifique sur le personnel hospitalier, Pierre Aeby reste ici tout aussi sceptique. «Mieux vaudrait négocier un gel des salaires de trois ans avec les syndicats et les représentants du personnel, cela dans le cadre d’un article d’exception.» Compte tenu des mesures déjà prises relatives au raccourcissement de la durée de séjour et pour une meilleure politique des achats, «cela suffirait pour assainir les déficits reportés, soit quelque 20 millions lors de ces trois dernières années», estime Pierre Aeby.