Marie Riley, solide comme un rock avant de reprendre l’animation des «Dicodeurs» sur la RTS
Portrait
AbonnéLa Fribourgeoise hyperactive reprendra à la rentrée d’août l’animation de cette émission phare de RTS La Première. Moment de consécration dans un parcours qui donne le tournis

Il émane de Marie Riley un subtil mélange de fragilité et d’assurance. Comme si le combat continu qu’est la vie de cette Fribourgeoise, ou plutôt ses nombreuses vies, respirait avec elle, à chaque seconde. Elle-même préfère parler d’une montagne qu’elle n’a cessé de gravir depuis trente-huit ans, considérant qu’aujourd’hui, elle est arrivée non pas au sommet, mais sur un beau replat faisant œuvre, déjà, de consécration. Car c’est elle que la RTS a choisie pour animer dès fin août l’émission Les Dicodeurs, que Laurence Bisang quittera en juin, à l’heure de la retraite, après avoir incarné le rendez-vous durant vingt ans.
«J’ai cumulé tant d’activités différentes ces dernières années, commente l’intéressée, que lorsque mes enfants me demandaient quel était mon métier, je ne pouvais pas répondre simplement, en un mot. Maintenant je peux leur dire: je suis animatrice radio.» Et il est vrai que le parcours impressionne, en nombre d’expériences comme en diversité: serveuse, gérante de bar, blogueuse, chroniqueuse, spécialiste en communication, conceptrice de contenus tous supports, productrice, entrepreneuse… A cette liste d’étiquettes, elle a, mi-malicieuse mi-combative, ajouté dans son CV celle de «family manager». Une manière, remarquée et reprise par de nombreuses femmes, de qualifier les années durant lesquelles elle a choisi de se consacrer à ses enfants. Un job de plus qu’elle a pratiqué et qu'elle pratique encore.
La Bénichon, plus importante que Noël
Mais le personnage ne serait pas complet sans la musique et la cuisine. Marie Riley a étudié la contrebasse durant douze ans au Conservatoire de Fribourg. Elle n’a jamais lâché son instrument, se produisant dans différents styles et configurations; aujourd’hui, par ailleurs toujours spectatrice assidue de concerts, elle joue avec le groupe fribourgeois Jim The Barber & His Shiny Blades, et ça l’éclate toujours autant. La cuisine aussi. Une autre passion partagée sur son blog (des rencontres avec des artistes rock, à qui elle cuisine leur plat préféré) ou dans l’émission de la RTS, Amuse-gueule. Et, sans doute le plus important à ses yeux, elle a «pris les commandes de la Bénichon» dans sa famille où la fête fribourgeoise et son menu sont «plus importants que Noël».
Toutes ces activités, depuis une vingtaine d’années, se sont parfois succédé, parfois entremêlées, dans un tourbillon qui, vu de l’extérieur, impressionne. «Oui, je suis une hyperactive, confirme-t-elle. Pour être bien, j’ai besoin d’être ainsi nourrie tout le temps, de remplir. C’est une manière de me prouver que je peux y arriver. Ce n’est pas toujours facile, parfois je dois me calmer. Il y a 18 ans, j’ai perdu mon premier bébé, sans doute une des pires choses qui puisse arriver, et les gens ne cessaient de me plaindre et de me demander comment j’allais m’en sortir. Eh bien j’y suis arrivée, en prenant la force de faire des choses plutôt que de tout arrêter.»
La volonté, le talent – ou plutôt les talents – et la chance aussi: «J’ai une bonne étoile qui m’accompagne, qui me donne souvent le coup de pouce qu’il faut. Et puis, quand je dois arrêter un projet, ce n’est pas de l’abandon, c’est juste que je le laisse là où il faut.»
A propos du service public: Gilles Marchand défend la SSR: «L’initiative sur la redevance à 200 francs est brutale et radicale»
Ainsi, une nouvelle vie s’offre à elle, imposant de quitter son travail dans la communication: Les Dicodeurs, encore une présence sur Couleur 3 et… du temps pour ses trois enfants. Ce nouveau défi dans une émission phare de l’ex-Radio suisse romande est pour elle une manière de sceller son attachement au service public.
«Forcément, je vais décevoir»
«Ce moment de midi est l’accompagnement d’un monde spécifique, celui de gens qui rentrent à la maison pour faire à manger aux enfants. C’est en tout cas mon souvenir d’enfant. On devait se taire pendant que notre mère écoutait. C’est dingue de me dire que désormais c’est moi qui serai à l’antenne. Je sais que Laurence Bisang est très identifiée à l’émission et que, forcément, je vais décevoir. C’est comme quand votre groupe préféré change de chanteur! Mais je n’ai pas peur, je me réjouis plutôt d’aller dans cette ambiance de bistrots ou de salles de villages. J’aime trop aller voir les gens et j’ai confiance en moi.» Le concept va-t-il évoluer sous l’ère Riley? Trop tôt pour le dire. Mais, promis, les habitués ne seront pas bousculés.
En écoutant Marie Riley donner ses recettes, au propre comme au figuré, de sa voix douce et parfois piquante, on se dit que la sauce devrait prendre, fin août, à l’antenne de La Première. On ressent aussi de l’admiration pour ce parcours où les réussites, les audaces, la créativité côtoient les galères, le deuil, la souffrance. «Je suis hyper-fière de moi, d’avoir pu entreprendre autant de choses tout en étant avec les enfants. Maintenant j’ose le dire, tout en demeurant humble. Le genre de constat qui amène les larmes aux yeux. Et je souhaite à un maximum de mamans de pouvoir le vivre.»
Lire aussi: Une soirée à Gilly dans le chaudron radiophonique des «Dicodeurs»
Profil
1984 Naissance le 17 août, sept minutes après sa sœur jumelle.
1993 Commence la contrebasse à 9 ans.
2004 Le 23 juillet, «le jour où je suis devenue mère». Trois autres enfants suivront.
2013 Cuisine pour la première fois le menu de Bénichon pour toute la famille (et depuis, chaque année).
2023 Animation de l’émission «Les Dicodeurs» sur RTS La Première dès la rentrée d’août.
Retrouvez tous les portraits du «Temps».