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Les frontaliers ne créent pas de dumping salarial

Une étude dissèque la sous-enchère dans quatre secteurs économiques notoirement exposés aux risques d’abus

Le nombre de frontaliers dans une entreprise n’a «aucun impact» sur les risques de sous-enchère salariale. Telle est l’une des conclusions d’une étude menée sur quatre secteurs sensibles de l’économie genevoise: le gros œuvre, l’hôtellerie et restauration, le commerce de détail et le transport pour des tiers (déménagement). Cette analyse a été présentée mardi par la conseillère d’Etat chargée de la Solidarité et de l’emploi, Isabel Rochat.

Dans cette analyse qualifiée d’empirique, puisqu’elle se fonde sur des données représentatives issues des entreprises, son auteur, José Ramirez, voit la réfutation d’un «empirisme subjectif basé sur les propos du type: «Je connais quelqu’un qui…» En revanche, l’étude montre que les détenteurs d’un permis de séjour de courte durée font face à un risque de dumping accru en comparaison des Suisses, des étrangers établis de façon permanente ou des frontaliers.

L’étude fait suite à une précédente enquête menée deux ans plus tôt dans trois des quatre secteurs concernés. La comparaison met en lumière une nette réduction du risque de dumping dans le gros œuvre. En revanche, le péril a augmenté significativement dans l’hôtellerie-restauration, surtout pour les emplois qualifiés, où il atteint 19,8%, contre 8,1% deux ans plus tôt. Dans ce secteur, le risque est encore accru pour les femmes, où il atteint 28,4%. Le genre féminin est aussi davantage exposé dans le commerce de détail. «Le fait d’être une femme augmente clairement le risque d’être en sous-enchère, surtout dans les secteurs où prédomine le personnel féminin», commente José Ramirez, professeur à la Haute Ecole de gestion.

Inquiétudes

Pour la directrice de l’Office cantonal de l’inspection des relations du travail (OCIRT), Christina Stoll, l’embellie constatée dans le gros œuvre, où les emplois qualifiés restent toutefois exposés au dumping, est à porter au crédit du contrôle professionnalisé développé localement par les partenaires sociaux. L’aggravation dans la restauration inquiète l’OCIRT, qui compte interpeller les partenaires sociaux qui pratiquent dans ce secteur un contrôle à l’échelle nationale. Compétent pour inspecter le commerce de détail depuis la disparition en janvier de la CCT étendue, l’OCIRT en fait une priorité. Enfin, les autorités de surveillance songent à imposer des normes dans le déménagement, où le dumping par rapport aux salaires usuels peut s’avérer massif (jusqu’à -26% par rapport aux minima de la branche).