La gare souterraine fait un tabac citoyen
GENÈVE
L’initiative exigeant une extension en sous-sol de la gare de Cornavin est déposée
L’initiative cantonale Cornavin, qui réclame une extension souterraine de la gare centrale de Genève, a été déposée ce lundi, munie de quelque 16 300 signatures, bien plus que les 10 000 paraphes requis. Le dépôt intervient à six semaines du délai légal pour recueillir les appuis citoyens, et surtout, à quatre jours de la publication des résultats d’une expertise indépendante, mandatée par les autorités genevoises et fédérales afin d’évaluer les possibles variantes de l’agrandissement.
Les CFF comptent ajouter à l’horizon 2025 deux voies à la gare centrale de Cornavin, qui sera saturée dès fin 2017 avec la mise en service de la nouvelle ligne franco-suisse CEVA. Cet agrandissement est inclus dans le paquet d’investissements ferroviaires FAIF qui a passé en juin la rampe du parlement fédéral.
Destruction de logements
Pour Genève, le projet officiel, devisé à quelque 800 millions de francs, prévoit une extension en surface qui implique la destruction de 385 logements situés à l’arrière de l’édifice, dans le mythique quartier des Grottes, sauvé de la destruction par une mobilisation populaire dans les années 1970. Selon les CFF, une option en sous-sol, qui aurait épargné ce vieux quartier ouvrier, aurait coûté plus du double – une thèse contestée par les initiants qui jugent ce devis très largement surestimé.
«Les Grottes représentent autre chose que quelques maisons», lance la députée socialiste Lydia Schneider-Hausser, à l’heure d’expliquer le succès du texte. Et de poursuivre: «L’initiative a réveillé chez les gens un sentiment d’appartenance, un attachement à des transports publics de qualité, le besoin de sauvegarder des logements et un vieux quartier, et une idée de résistance et de mobilisation qui est propre à ce quartier.»
Commandée par les CFF, l’Office fédéral des transports, le canton et la Ville de Genève, l’expertise indépendante, qui sera dévoilée vendredi, doit jauger l’impact des diverses variantes possibles à l’aune de plusieurs critères. Il s’agit notamment des fonctionnalités ferroviaires, des délais de réalisation et du coût. Mais les risques de procédure, le développement futur de la gare ainsi que l’impact sur l’urbanisme et les circulations aux alentours du site entreront aussi en ligne de compte.
Quid si une variante souterraine est finalement retenue? Les initiants retireront-ils leur texte? Aucun engagement n’est pour l’heure pris de leur part: «On attend de voir!» disent-ils.