La gauche dure tente l’union de la dernière chance
Genève
Sous la bannière «Ensemble à gauche», la gauche radicale se fédère pour les municipales
La gauche dure genevoise a l’habitude des baptêmes. Elle s’en offre un à chaque fois qu’elle tente d’unir les groupes qui la composent. Pour désigner la nouvelle coalition de quatre de ses cinq formations en vue des élections municipales du printemps prochain, elle a opté cette fois pour le nom «Ensemble à gauche». Les alliés, qui réunissent SolidaritéS, le Parti du travail, ainsi que les Indépendants de gauche, et le groupe «Défense des Aînés, du Logement, de l’Emploi et du Social» – tous deux proches de Christian Grobet – ont déposé hier en Ville de Genève une liste de 36 candidats (dont 19 femmes et 17 hommes), emmenée par le conseiller administratif sortant Rémy Pagani. Reste une ombre au tableau: l’alliance n’inclut pas les communistes, qui jouent les francs-tireurs.
Moribonde, la gauche dure genevoise n’a pas d’autre choix que d’unir ses forces pour tenter de subsister. Minée par d’insurmontables dissensions, elle a enchaîné les échecs en votation au cours des cinq dernières années. Partie désunie lors des élections cantonales de 2005, elle est éjectée du Grand Conseil. Deux ans plus tard, elle se présente unie aux municipales, mais perd cinq sièges sur quinze au parlement de la Ville. Cette année-là, elle touche le fond lorsque ses divisions lui coûtent le fauteuil qu’elle occupait au Conseil national. Mais cet échec cuisant ne suffira pas à convaincre les différents groupes de se fédérer lors des élections cantonales de 2009. Fort de son succès à la Constituante dans les rangs de l’Avivo, Christian Grobet lance une liste dissidente et une fois de plus, aucun des groupes à la gauche du PS n’obtient le quorum.
Pression des électeurs
«Partir unis est essentiel, admet Pierre Vanek. Nos électeurs, qui représentent un potentiel de 15% des voix, veulent que nous cessions nos querelles. Avec «Ensemble à gauche», nous sommes moins ambitieux qu’avec A gauche toute!, qui posait presque les bases d’une fusion entre les groupes. Là, il s’agit d’une alliance minimale, ce qui devrait garantir sa solidité.»
Vaine promesse, après que les guerres intestines ont eu raison de l’Alliance de gauche, puis d’A gauche toute? L’ex-conseiller national, lui-même candidat au parlement de la Ville, espère bien que non. Pourtant, l’union sacrée a déjà fait long feu. Ce week-end, les communistes (qui ne sont certes pas un poids lourd avec un maximum de 1,5% des suffrages), irrités de n’avoir pas pu préciser l’appartenance de leurs élus sur la liste commune et gênés «par des divergences de fond», selon leur secrétaire Tony Fernandez, s’apprêtent à faire cavalier seul: «Nous allons probablement présenter une liste séparée.»