Genève entame l’année sans budget
Finances publiques
«Mieux vaut aucun budget qu’un mauvais budget» a décidé le Grand Conseil genevois en refusant le projet de l’exécutif

Il aura fallu moins d’une heure de prise de parole au Grand Conseil pour renvoyer le budget 2016 à son expéditeur, le Conseil d’Etat genevois. Par 96 voix contre une opposition et deux abstentions, le parlement a refusé vendredi matin l’entrée en matière sur un projet déjà refusé par la Commission des finances le 18 novembre. Sans budget approuvé, le canton sera soumis au régime des douzièmes provisionnelles qui contraindront l’Etat à calquer ses dépenses mensuelles sur celles de l’exercice 2015. Et ce, jusqu’à ce qu’une nouvelle copie ne sorte de la Tour Baudet, siège de l’exécutif. Ce dernier avait présenté un budget affichant un boni de 14,9 millions de francs sur un budget global de près de 8 milliards pour quelque 800 millions de francs d’investissements.
Les partis se rejettent la responsabilité
A en croire chaque parti politique, les responsables de ce blocage sont à chercher chez l’ennemi. Les Verts accusent le PLR d’avoir «joué un jeu trouble en s’alliant au MCG et à l’UDC pour voter le mécanisme de frein à la dépense, faisant fi de l’opposition du Conseil d’Etat». Le PLR pointe du doigt une gauche qui a «démissionné au profit des syndicats» et un MCG dont les exigences sont qualifiées «d’irréalisables». Quant au PS, il vitupère contre un gouvernement «incapable» de négocier tant avec sa fonction publique qu’avec les partis et «disqualifié» par le vote du parlement. Les socialistes chargent aussi le chef des Finances estimant que l’impasse budgétaire fait ressortir la «faiblesse» du magistrat démocrate-chrétien Serge Dal Busco. Le conseiller d’Etat a rétorqué que ce blocage institutionnel n’est pas «le fait du Conseil d’Etat», appelant la classe politique à se ressaisir, notamment en prévision des débats sur la troisième réforme de la fiscalité des entreprises, dont les pertes sont estimées entre 500 et 600 millions de francs par année. Une constatation est néanmoins partagée par tous les partis: «Mieux vaut aucun budget qu’un mauvais budget.»
En réalité, le déchirement du parlement en trois blocs (Entente, Alternative et Nouvelle force), la stratégie peu lisible du Mouvement citoyens genevois refusant un budget déficitaire tout en voulant maintenir le versement des annuités aux fonctionnaires et s’opposant à la suppression d’une «niche» fiscale, et l’impuissance du Conseil d’Etat à ramener représentants du personnel et partis politiques autour de la table des négociations semblent être les facteurs principaux ayant mené le Grand Conseil à refuser l’entrée en matière.