Genève et Lausanne adoptent le SwissPass, mais pas les domaines skiables romands
Billetterie
Après trois mois d’existence et quelques maladies de jeunesse, le SwissPass, ex-abonnement général, s’apprête à affronter l’hiver. 23 sociétés de remontées mécaniques sont partenaires. Toutes sont alémaniques

Petit à petit, les anciens abonnements généraux et demi-tarifs bleus sont remplacés par le SwissPass rouge. Trois mois après son introduction, l’Union des transports publics (UTP) et les CFF ont fait le point. A ce jour, 170 000 des 460 000 abonnements généraux vendus en Suisse, soit 37%, et près de 412 000 des 2,3 millions de demi-tarifs en circulation, soit 18,6%, ont déjà pris la couleur rouge.
Après trois mois d’expérience, le directeur de l’UTP, Ueli Stückelberger, et la responsable de la division voyageurs des CFF, Jeannine Pilloud, se déclarent «satisfaits». Mais l’opération ne se passe pas sans quelques heurts. Comme cela avait été annoncé, le temps de contrôle des nouveaux sésames par scannage est plus long que la vérification visuelle des abonnements classiques bleus. Cela ne manque pas d’irriter certains voyageurs. «Les nouveaux appareils permettent en compensation d’accélérer le contrôle des billets électroniques enregistrés sur smartphone», commente Jeannine Pilloud, qui précise qu'«il a fallu former des milliers de collaborateurs au nouveau système».
Des paiements mal enregistrés
Parmi les autres «maladies de jeunesse», on a relevé des dysfonctionnements dans la mise à jour des données et dans l’enregistrement du paiement des abonnements mensuels. Les partenaires du projet promettent que cela va s’améliorer. «Il est important que cela fonctionne», insiste Jeannine Pilloud.
Les craintes portant sur la protection des données ne sont pas justifiées, assure Ueli Stückelberger: «Nous n’enregistrons que le lieu, la date du contrôle et la validité de l’abonnement, mais pas le parcours effectué. Et les données sont effacées après un mois.» Plus de 5,5 millions de contrôles ont été effectués depuis le 1er août par 177 entreprises de transport partenaires de la nouvelle carte de transports publics.
19 communautés tarifaires et 23 remontées mécaniques
Dans les deux ans qui viennent, les 19 communautés tarifaires régionales du pays auront adopté le SwissPass. Comme l’avait révélé Le Temps, les réseaux vaudois Mobilis et genevois Unireso seront les premiers à monter dans le train, et cela dès décembre 2016.
Mais cet œcuménisme des transports n’est pas gratuit. Partant du principe que le SwissPass canalisera davantage de voyageurs vers tous les réseaux des transports publics, les CFF attendent des entreprises partenaires qu’elles contribuent au financement du système et versent une commission de 6% sur les abonnements vendus. Cette revendication ne fait pas que des heureux.
Verbier et Villars en discussion
L’abonnement SwissPass ambitionne d’intégrer, dans une seule et même carte, les domaines skiables. Au seuil de l’hiver 2015-2016, 23 sociétés de remontées mécaniques, de taille essentiellement moyenne, participent à l’opération. Toutes sont alémaniques. Les responsables des pistes romandes comme Verbier ou Villars sont encore en négociation. Ils cherchent précisément un accord sur la contribution financière et le champ d’application de la commission de 6%.
«Téléverbier vend pour 10 millions d’abonnements de ski sur son propre site Internet. Pour quelle raison devrions-nous verser pour cela 6% de commission aux CFF? C’est nous qui leur amenons du monde et non l’inverse», s’étrangle Eric Balet, directeur de Téléverbier. Il voit un autre défaut dans le SwissPass. «Il est uniforme. Même si les contenus sont différents, son apparence est la même. Or, nous voulons qu’il y ait des indications visibles pour assurer la traçabilité de notre clientèle», poursuit-il.
Les CFF tiennent cependant à ce que tous les partenaires participent au financement du nouveau système. Ils le justifient en soulignant que le SwissPass amènera une clientèle supplémentaire à la neige. «C’est aussi un moyen pour nous d’éviter d’augmenter les tarifs des billets», justifie Jeannine Pilloud, qui présente le SwissPass comme une étape en direction d’une billetterie électronique plus complète. Une réunion aura lieu le 2 décembre pour tenter de trouver une solution.