Genève se mobilise face aux attentats
Sécurité
Le conseiller d’Etat Pierre Maudet se profile sur le terrain du terrorisme et de la radicalisation. Il annonce des mesures policières et sociales pour prémunir le canton contre les nouveaux risques

Même si aucune menace imminente ne pèse sur Genève, Pierre Maudet compte bien se profiler sur le thème brûlant des attentats et de la radicalisation. Le conseiller d’Etat, chargé de la Sécurité, l’a dit jeudi devant la presse: «La Confédération n’a pas vraiment pris la mesure du problème». Le canton, exposé de par sa position géographique et internationale, lance donc sa propre mobilisation générale, à la fois policière et sociale, pour affronter le pire et prévenir les dérives. Tout un programme.
L’exercice est délicat et le magistrat est le premier à en convenir. «Il n’est pas question d’augmenter la psychose mais la population a le droit de savoir comment les autorités appréhendent ce nouveau contexte», a souligné Pierre Maudet. Ce dernier précise que des questions lui sont posées tous les jours sur les risques d’actes terroristes, la riposte ou encore le terreau djihadiste. Et il entend désormais communiquer régulièrement sur le sujet. «Il est important d’avoir un discours politique», précise encore le conseiller d’Etat tout en promettant de ne pas tomber dans les travers d’un régime d’exception.
Policiers bien formés
Pour cette première édition, la cheffe de la police Monica Bonfanti, s’est voulue rassurante sur la formation des troupes pour faire face à un éventuel attentat de type AMOK, celui qui vise à tuer le maximum de gens en un minimum de temps. Les structures de commandement ont été revues afin d’affecter des policiers plus pointus à la centrale d’engagement dont le rôle est essentiel en pareil cas. Enfin, la «culture du renseignement» n’est plus réservée mais inculquée à l’ensemble du corps pour que tout agent puisse contribuer à faire remonter des informations du terrain. Celui des communes aussi.
Parmi les mesures sécuritaires, Pierre Maudet préconise aussi de réviser les dispositifs en place à l’Aéroport où quelque 10 000 personnes travaillent. Depuis cet été déjà, décision a été prise de vérifier les cartes d’accès à intervalles plus réguliers et de prévoir des restrictions encore plus sévères. Les réseaux sociaux, et plus spécifiquement leur part d’ombre, feront aussi l’objet d’un effort de lecture et d’action.
Radicalisation scrutée
Plus essentiel, le travail auprès des jeunes. Genève compte, pour l’instant, 2 cas recensés de départs pour les régions en guerre, sur un total de 71 pour toute la Suisse. Nicolas Roguet, délégué à l’intégration, et Yann Boggio, secrétaire général de la Fondation pour l’animation culturelle, ont rappelé qu’un travail de maillage très fort est déjà entrepris pour éviter les ruptures.
Une plateforme de détection et de prévention de la radicalisation – un crédit de 200 000 francs vient d’être débloqué – servira à structurer les interventions et offrir quelque chose de visible aux parents et enseignants dans le besoin. Le canton ambitionne, là encore, de devenir un «avant-poste» de cette réflexion.