Environnement
Un accord inédit en Europe réunit les membres du Grand Genève. L’harmonisation des outils de mesure est en cours. Pour les sanctions, il faut attendre

Trois axes stratégiques pour 14 actions concrètes. Voilà comment se présente le programme d’actions transfrontalier pour la qualité de l’air du Grand Genève, baptisé Pact’air par ses promoteurs. Les représentants de tous les échelons politiques de ce territoire qui s’étend du district de Nyon à Thonon-les-Bains ont signé ce mardi le document présenté comme une première en Europe.
Le Grand Genève recouvrant deux législations nationales différentes, le pacte ressemble à un échange de bonnes pratiques d’un côté et de l’autre de la frontière. L’objectif chiffré est de diminuer de moitié les émissions d’oxyde d’azote et de 18% les particules fines pour la période 2005-2030.
« Une démarche innovante et inspirante » l’accord pact’air est désormais signé #AssisesTE pic.twitter.com/HllvhIF7a2
— Assises Energie (@assises_energie) January 30, 2018
Normes suisses en France
Pour réduire les émissions de particules fines liées aux appareils de chauffage au bois non performants, la France, ont insisté les interlocuteurs hexagonaux, va adopter les mesures déjà en vigueur en Suisse, reconnue en pointe sur le sujet. Une étude juridique sera ainsi faite pour recenser et contrôler la conformité des appareils existants.
Si la circulation alternée était appliquée, les Vaudois qui travaillent à Genève échapperaient aux sanctions
Dans ce même chapitre de l’amélioration de la qualité de l’air, l’annonce confirme la création d’une voie réservée au covoiturage à la douane de Thônex-Vallard et l’extension de cette expérimentation à d’autres points de congestion, sans préciser lesquels. Une flotte de 50 véhicules à hydrogène et une station de recharge seront déployées dans le Grand Genève.
Notre priorité, c’est la sensibilisation et la responsabilisation des populations de notre territoire commun
Lors de pics de pollution, les signataires s’engagent à adopter des réactions communes. C’est la contrepartie de l’effort français décrit ci-dessus: Genève adaptera le système de macaron qui a cours en France en vue d’instaurer une circulation différenciée. Mais pas le canton de Vaud, nous confirme Jacqueline de Quattro, conseillère d’Etat signataire de la charte pour le canton de Vaud. Concrètement, si la circulation alternée était appliquée, les Vaudois qui travaillent à Genève échapperaient aux sanctions qui frapperaient les Français et les Genevois.
Taxes pour les récalcitrants?
Gérard Cretegny, président du district de Nyon, explique: «La seule portion de notre territoire où la circulation alternée serait applicable est l’autoroute. Nous ne voulons pas pénaliser les habitants de zones moins accessibles avec un tel système. Mais nous avons conscience que pour nos partenaires, ce point est difficilement acceptable. Il reste donc des négociations à mener.»
Parmi les outils communs d’information au public est annoncée la création d’une application pour smartphone sur la qualité de l’air.
Voilà pour une partie des mesures communes de prévention. Pour unifier les sanctions, il faudra patienter. Luc Barthassat, conseiller d’Etat genevois chargé de l’environnement, des transports et de l’agriculture, indique: «Notre priorité, c’est la sensibilisation et la responsabilisation des populations de notre territoire commun. C’est déjà un gros effort. Il sera temps, par la suite, de penser aux taxes pour les récalcitrants.»
La signature de Pact’air s’est faite lors de la journée d’ouverture des Assises européennes de la transition énergétique. Cette manifestation réunit pendant trois jours à Palexpo 3000 participants, issus notamment de collectivités publiques de France et de Suisse.