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Critère flou
Actuellement, les enfants non domiciliés à Genève y sont accueillis «dans la limite des places disponibles». Un critère que le Conseil d’Etat a jugé flou, propre à générer des situations d’inégalité de traitement et problématique pour la planification de la carte scolaire.
Surtout, a insisté le conseiller d’Etat radical, «la situation actuelle déroge au principe appliqué dans tout le continent, et en tout cas en France et en Suisse, qui veut que la scolarisation se fasse à proximité du lieu d’habitation pour des raisons évidentes de socialisation, et donc que les parents ne choisissent pas l’école de leurs enfants, sauf à leur faire suivre un cursus privé».
Troinex saturée
Cette révision intervient après la publication de plusieurs articles concernant des communes proches de la frontière avec la France. L’une d’elles, Troinex, doit envisager de construire une nouvelle école, car les installations actuelles sont saturées. Or, selon le président du gouvernement, 25% des élèves n’ont aucun lien avec la commune. Les familles résident jusqu’à une trentaine de kilomètres, en France voisine.
Dans l’enquête menée auprès des parents, certains n’ont pas caché avoir choisi Troinex pour des raisons assez éloignées de critères éducatifs: disposer d’un parking à proximité de l’école serait pratique pour déposer leur enfant sur le chemin du travail.
Un caractère «punitif»
Selon les chiffres donnés par le magistrat, Genève accueillait 200 élèves «non genevois» en 2000, contre 1900 aujourd’hui.
A Valleiry, commune de 4500 habitants à 15 kilomètres de la frontière, on accueille ce changement avec circonspection. Le maire, Frédéric Mugnier, leur trouve un caractère «punitif» qui lui rappelle la récente fermeture de petites douanes afin d’épargner certaines communes genevoises du trafic transfrontalier.
Plus largement, s’il dit comprendre les problèmes de son collègue maire de Troinex, il regrette que Genève veuille bien de la main-d’œuvre française pour la prospérité de son économie, mais refuse d’assumer les conséquences de cet afflux. «Tout est lié au fait que le canton ne construit pas assez de logements. Plus on parle du Grand Genève, moins il existe», déplore-t-il.