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Agressions à l’Unige: après la temporisation, l’heure des décisions

L’alma mater devrait décider mercredi d’éventuelles sanctions à l’encontre des activistes qui ont agressé Céline Amaudruz. Le rectorat a rencontré lundi l’association coorganisatrice de l’événement

La façade d'entrée du bâtiment d'Uni Bastions à Genève, le 22 avril 2006. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi) — © Salvatore Di Nolfi/Keystone
La façade d'entrée du bâtiment d'Uni Bastions à Genève, le 22 avril 2006. (KEYSTONE/Salvatore Di Nolfi) — © Salvatore Di Nolfi/Keystone

Cette semaine, l’Université de Genève va enfin se déterminer à la suite de l’agression et l’entartage raté de la conseillère nationale et vice-présidente de l’UDC, Céline Amaudruz, par des activistes encagoulés, le 21 décembre. Celle-ci avait été invitée par deux associations étudiantes à faire partie du jury d’une joute oratoire sur la neutralité suisse. Les militants s’étaient ensuite montrés menaçants, se déclarant «prêts à en découdre» une prochaine fois.

Lundi, le rectorat a donc reçu le Club genevois de débat de l’Université de Genève, l’un des organisateurs de l’événement. Président de cette association universitaire, Jacques Degors explique: «Nous avons échangé avec le rectorat pour lui relater les faits et lui avons fait part de nos inquiétudes. Notre demande a été prise au sérieux. En effet, le rectorat semble prendre la mesure de la situation. Il nous a assurés de son soutien. Nous avons confiance et savons qu’il prendra les mesures que la situation impose.»

Celle-ci est attendue mercredi, alors que la polémique enfle, tant sur la liberté d’expression que sur la timidité de l’institution face à une série d’agressions. «C’est à présent la troisième fois que notre association est prise d’assaut dans les locaux de l’Université», écrivait le collectif dans une opinion parue dans Le Temps en appelant à «une prise de conscience radicale des instances de l’université». S’avouant «scandalisée», la conseillère d’Etat Anne Emery-Torracinta a, elle, réclamé dans les colonnes du Matin Dimanche «une attitude ferme» de l’alma mater.

Lire l'opinion des organisateurs: La colère du Club genevois de débat: «A l’Université, la liberté d’expression est en péril»

Réévaluer la gestion des risques

Contacté, le porte-parole de l’Unige, Marco Cattaneo, se défend de tout atermoiement: «L’université a décidé de réagir en trois temps. D’abord et immédiatement, nous avons condamné sans équivoque cette action. Ensuite, nous voulions voir les gens concernés, mais ces contacts ont été retardés par les vacances. Enfin, nous prendrons une décision sur les mesures qui s’imposent, au niveau disciplinaire ou pénal.» Dans l’intervalle, le rectorat a également eu des échanges avec des membres du jury de ces joutes oratoires et a reçu un rapport de l’agent de sécurité. Selon nos informations, l’université plancherait aussi sur une réponse plus large que celle, ponctuelle, à cet événement en particulier. Elle pourrait réévaluer la gestion des risques concernant de tels événements, revoir leur organisation, mieux affirmer sa position philosophique par rapport au débat et à la pluralité d’opinions.

Lire aussi: Le ton se durcit autour de la tentative d’entartage de l’UDC Céline Amaudruz

La succession du recteur fait aussi des vagues

Cette affaire tombe au plus mauvais moment pour l’Université de Genève. Car, en parallèle, elle doit gérer la succession du recteur, Yves Flückiger, qui fait aussi des vagues. Après avoir écarté le seul candidat issu du sérail, contrairement à l’avis du canton et à la coutume, l’assemblée s’apprête à choisir entre un professeur canadien et un belge. Hasard du calendrier, c’est aussi ce mercredi que ladite assemblée, composée du corps professoral, du corps intermédiaire, du personnel administratif et technique et des étudiants, devra se déterminer. Ou alors choisir de recommencer le processus, comme certains le réclament. Après que l’assemblée aura désigné le successeur, le Conseil d'Etat pourra, ou non, le nommer. Tout porte à croire que, dans un cas comme dans l’autre, la crise guette.

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