Jovial, généreux, ouvert: les qualités ne manquent pas au moment d’évoquer la personnalité de l’ancien conseiller d’Etat genevois Carlo Lamprecht, décédé hier mercredi à l’âge de 86 ans des suites d’une maladie. Originaire de Lugano, cet ingénieur de profession, espoir du basket dans sa jeunesse, a progressivement gravi les échelons politiques. Il aura marqué de son empreinte son parti, le Centre (ex-PDC) et plusieurs générations d’élus.

Mû par un profond sens du collectif et de la chose publique, Carlo Lamprecht entame sa carrière politique en 1975 au Conseil municipal d’Onex, qui n’est alors qu’un village. En 1987, il accède au Conseil administratif puis, en octobre 1997, au Grand Conseil genevois, où il ne restera que quelques jours. Et pour cause: quelques semaines plus tard, il est élu au Conseil d’Etat où il hérite du Département de l’économie, de l’emploi et des affaires extérieures. Fin 2005, alors âgé de 70 ans, il décide de renoncer à un troisième mandat et quitte l’exécutif.

«Un personnage d’une grande humanité»

Actuel ministre du Centre au Conseil d’Etat genevois, Serge Dal Busco confie son immense tristesse au moment de dire adieu à celui qu’il a rencontré au début des années 90, lors de ses débuts en politique. «Un personnage d’une grande humanité, qui considérait l’être humain avant son statut social ou professionnel», se souvient-il.

«Sur le plan politique, Carlo Lamprecht est arrivé au gouvernement dans une période très difficile pour Genève, avec une crise économique et immobilière, les déboires de la BCGE ou encore la faillite de Swissair», rappelle Serge Dal Busco, saluant la politique très active de relance menée alors par le ministre, qui a conduit de nombreuses entreprises à s’implanter dans le canton. «Si Genève est aujourd’hui prospère, c’est largement grâce à lui.»

Un soutien pour la relève

Même sans mandat politique, Carlo Lamprecht était resté très actif au sein de son parti. «Il venait régulièrement à des assemblées et a même encore accompagné récemment le changement de nom à Onex», se souvient la présidente du Centre, Delphine Bachmann, très émue. «Il faisait partie de ces figures politiques qui dégagent quelque chose par leur seule présence», raconte-t-elle, évoquant un homme élégant, attentif au souci du détail et à la bienséance. «Quand je suis entrée en politique, c’était un poids lourd mais qui n’avait pas la volonté de s’accaparer toujours plus de place. Il voulait au contraire soutenir la relève, lui transmettre les valeurs du parti, il n’était pas dans l’égoïsme du pouvoir à tout prix.»

«Un cadeau rare en politique»

«Un cadeau rare en politique»: c’est ainsi que son ancien collègue au Conseil d’Etat, Pierre-François Unger, qualifie Carlo Lamprecht. «C’était un homme qui transcendait la politique par la générosité qu’il portait à tout un chacun», estime l’ancien élu du Centre, décrivant un homme ferme mais aussi perspicace, bonhomme et drôle. «Je me souviens des rires partagés lors de ma première législature, durant laquelle il m’a beaucoup soutenu, comme un mentor, ajoute-t-il. En tant que conseiller d’Etat ou maire, les gens s’adressent souvent à vous avec des demandes floues, Carlo arrivait tout de suite à trouver des solutions, il avait ce sens du besoin des autres.»

L’aura de Carlo Lamprecht transcendait les limites de son parti. L’ancienne conseillère d’Etat (et conseillère fédérale) socialiste Micheline Calmy-Rey garde elle aussi un bon souvenir de lui. «C’était quelqu’un de très apprécié, très convivial, ouvert, qui maintenait de bonnes relations avec tout le monde, au-delà des clivages politiques», évoque-t-elle.