Les candidats dévoilent leurs ambitions pour l'école genevoise
Elections cantonales
A travers un questionnaire lancé par la Fédération des enseignants genevois, 61 candidats au Grand Conseil et 11 candidats au Conseil d'Etat dressent un bilan contrasté de la magistrate sortante et listent leurs priorités pour la législature à venir

Comment comptent-ils gérer le département de l'instruction publique (DIP) s'ils sont élus? Pour le savoir, la Fédération faitière des enseignants genevois a sondé les quelque 621 candidats au Grand Conseil et les 31 prétendants au Conseil d'Etat en leur adressant un questionnaire courant février. Effectifs de classes, école inclusive, transition numérique ou encore filière d'apprentissage: neuf thématiques sont abordées de manière ouverte. Du faible taux de réponse (10% au parlement et 34% au gouvernement), se dégage un bilan très contrasté de l'action de la magistrate sortante Anne Emery-Torracinta: 18 candidats le jugent très bon, 16 assez bon, 20 pas bon et 18 mauvais. Du côté des priorités, les nouvelles technologies caracolent en tête, suivies par l'école inclusive et la lutte contre l'échec scolaire. A noter qu'aucun candidat PDC, MCG ou Vert'libéral n'a répondu à l'appel.
Traquer les incohérences politiques
En pleine période électorale, l'exercice ne risque-t-il pas de se transformer en déclarations d'intentions et autres promesses irréalisables? «C'est possible, mais cela fait aussi partie de l'expérience», estime Salima Moyard, co-présidente de la Famco, les enseignants du cycle d'orientation. «Le but est de mettre les élus face à leurs contradictions le cas échéant.» Au-delà de ce suivi, les syndicats d'enseignants entendent surtout placer l'avenir du DIP au centre de la campagne, lui qui «ne cesse d'être la cible d'attaques de la droite au fil des législatures».
Fragilisée par la crise qui secoue son département après l'affaire Tariq Ramadan, Anne Emery-Torracinta reçoit autant d'éloges que de critiques dans ce questionnaire auquel elle a elle-même participé, comment l'interpréter? «Certains candidats attribuent les échecs du DIP à la conseillère d'Etat qui n'a pas su faire, d'autres au parlement qui n'a pas accordé les moyens nécessaires, détaille Laurent Vité, président de la SPG, la société des enseignants du primaire, qui a dépouillé les réponses. D'autres encore pointent l'enlisement de certains dossiers sans l'attribuer à une cause particulière.»
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Davantage de moyens pour l'école inclusive
Cheval de bataille de la législature qui s'achève, l'école inclusive est considérée comme un «projet indispensable», mais beaucoup de candidats doutent de sa faisabilité en l'état. C'est pourquoi près de la moitié d'entre eux veulent lui allouer davantage de moyens. «Les candidats semblent partager la crainte des syndicats, à savoir que l'école inclusive se développe sur le dos des enseignants, salue Laurent Vité. A voir si cela se traduira dans les faits, quand il s'agira de voter les budgets.»
Les solutions de financements divergent
Fournir des équipements pour développer l'école numérique, augmenter le personnel hors enseignants, subventionner les entreprises qui forment des apprentis ou encore baisser les effectifs de classes: les candidats ont de grandes ambitions pour l'école genevoise. Mais pour financer ces mesures, tous n'ont pas la même recette. A gauche, on compte sur de nouveaux impôts ou sur la suppression de baisses fiscales instaurées ces dernières années. A droite, on préconise plutôt des réallocations internes de ressources au sein de l'Etat. A noter que le PLR est le seul à proposer que les enseignants effectuent des heures de travail supplémentaires.