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«Chasse aux sans-papiers»: la gauche genevoise exige des réponses

Des élus socialistes et verts vont déposer des interpellations au Grand Conseil genevois et au Conseil national pour faire la lumière sur la hausse des contrôles d’identité, dénoncée depuis plusieurs semaines par les associations. Un constat démenti par l'Administration fédérale des douanes

La douane de Mon-Idée, à la frontière franco-suisse. — © KEYSTONE/Martial Trezzini
La douane de Mon-Idée, à la frontière franco-suisse. — © KEYSTONE/Martial Trezzini

A Genève, la polémique autour des contrôles d’identité menés par les gardes-frontières prend un tour politique. Début février, les associations de défense des sans-papiers dénonçaient une augmentation des interpellations aux abords du centre de distribution alimentaire de Thônex. Depuis, celui-ci a fermé et les bénéficiaires ont été redirigés vers d’autres lieux. Aujourd’hui, des élus socialistes et verts se mobilisent pour obtenir des réponses tant du canton que de la Confédération.

Anodins pour tout un chacun, les contrôles d’identité inopinés peuvent avoir des conséquences irréversibles pour les personnes sans statut légal. Depuis le début de l’année, le Collectif de soutien aux sans-papiers recense des dizaines de contrôles par semaine. Sans parler de ceux qui n’osent plus sortir de chez eux et renoncent à solliciter de l’aide. «En pleine pandémie, ces contrôles intensifiés aux abords de la frontière et des gares mais aussi dans les transports instillent un climat de peur et bousculent le fragile équilibre mis en place dans la distribution de vivres», déplore la coprésidente du Parti socialiste genevois, Lydia Schneider Hausser, allant jusqu’à évoquer une «criminalisation de la pauvreté».

Durcissement politique?

Il y a encore peu, Genève se voulait exemplaire dans la lutte contre le travail au noir avec, entre autres, le projet Papyrus. Aujourd’hui, les associations observent un durcissement de la politique migratoire. «On bascule d’une pratique tolérante à une chasse aux sans-papiers brutale», dénonce Christian Dandrès, conseiller national socialiste. Pour la gauche, la question est désormais de savoir s’il s’agit d’une «dérive» de l’Administration fédérale des douanes (AFD) ou d’une «démarche concertée» avec le Conseil d’Etat. A Genève, la police cantonale est chargée des contrôles d’identité, mais depuis 2014, les gardes-frontières disposent aussi de cette compétence. «On demande que le Conseil d’Etat résilie cet accord et interpelle l’AFD pour savoir ce qu’il se passe sur son territoire», détaille Christian Dandrès qui déposera une interpellation lors de la prochaine session qui démarre lundi. «On sait que la Confédération compte intensifier la lutte contre l’immigration illégale. Genève fait-il office de test?» Des préoccupations partagées par la Verte Delphine Klopfenstein Broggini qui interpellera elle aussi le Conseil fédéral.

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A Genève, le député socialiste Diego Esteban va, quant à lui, déposer une question urgente écrite au Grand Conseil le 4 mars prochain pour obtenir des chiffres sur le nombre de contrôles effectués depuis le début de l’année, mais aussi des précisions sur l’étendue des tâches des gardes-frontières. L’ouverture d’un nouveau centre de distribution dans le périmètre de Chêne-Bourg est par ailleurs suggérée dans la mesure où les habitants du quartier doivent désormais se rendre à Carouge ou en ville de Genève pour récupérer leur colis. La réponse du Conseil d’Etat est attendue d’ici au 26 mars.

«Pas d’augmentation significative»

Démentant tout contrôle ciblé, l’AFD attribue l’augmentation des interpellations au Covid-19. «Le nombre d’interpellations des personnes en séjour illégal stagne, voire suit une légère tendance à la baisse ces derniers mois», précise la porte-parole Donatella Del Vecchio, soulignant que la tendance semble se confirmer pour février. Quand à une éventuelle action concertée avec le gouvernement genevois, l'AFD se contente de dire qu'elle travaille «en collaboration avec les autorités cantonales, nationales et étrangères» dans l'exercice de son mandat.