A Genève, le jeudi 14 mai, trois jours après les premières mesures de déconfinement, un homme a donné libre cours à ses pulsions exhibitionnistes. Il s’est posté non loin de la passerelle qui enjambe la route du Val-d’Arve, à Carouge, en direction du Cycle de Pinchat. Là, il a effectué des gestes masturbatoires, destinés à être vus par les élèves sortant de l’école ou s’y rendant. Le même jour, en fin d’après-midi, une jeune femme et sa mère sont venues dénoncer les faits au poste de police de la rue de la Fontenette. Une plainte pénale a été déposée. Des représentants de la sécurité publique ainsi que des membres de la brigade des mœurs enquêtent de concert.

Au-delà de cette situation particulière, les mesures décidées par le Conseil fédéral pour le 11 mai ont-elles eu des effets sur des patients obligés de contenir leurs pulsions durant neuf semaines? Une étude publiée au début mai par l’Université de Bâle a déterminé que les symptômes d’anxiété ou de dépression se seraient accentués chez 57% des participants. «Nous sommes conscients que le futur relâchement du confinement pourrait de nouveau affecter la santé mentale d’une partie de la population», disait alors un des scientifiques.

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Est-ce à dire que certains patients ont franchi un cap difficilement supportable pendant le confinement? «Nous avons observé une flambée des troubles psychiques, répond Magali Volery, responsable de la commission psychothérapies de l’Association genevoise des psychologues. Des patients ont vu leur situation s’aggraver.» Certaines personnes souffrant par exemple de troubles anxieux se sont contenues, si bien que toute sortie est désormais impossible. «Il y a une vraie régression chez certains, au point qu’il faut reprendre le traitement au départ», dit la psychologue.

Demandes d’aide différées

Pour la professionnelle, on peut faire l’hypothèse de la libération des pulsions avec le déconfinement dans le cas d’une maladie mentale comme le trouble de l’exhibition. Cela ne signifie pas pour autant qu’il y ait plus de passages à l’acte et que l’espace public est plus dangereux. Magali Volery rappelle par ailleurs que la majorité des cas d’abus ou d’agressions sexuelles ont lieu dans le cercle familial. A titre d’exemple, le Centre de consultations pour enfants, adolescents et familles, qu’elle dirige, a dénoncé cette semaine deux cas ayant vraisemblablement eu lieu pendant le confinement.

Muriel Golay, directrice du Centre genevois de consultation pour victimes d’infractions, confirme: «L’impact du confinement se vérifie sur l’intensité de certaines situations de violences domestiques, devenues particulièrement insupportables, et pour lesquelles les victimes commencent seulement maintenant à demander de l’aide.»