Onze associations suisses et françaises, environnementales et de riverains se sont regroupées voilà plusieurs semaines au sein de la Coordination régionale pour un aéroport de Genève urbain, respectueux de la population et de l’environnement. Objectif: accéder à la boîte noire de Cointrin. En effet, les membres de la Carpe disent avoir multiplié les démarches pour se faire entendre, les plaintes et autres pétitions qui visent à limiter les nuisances du tarmac ayant redoublé d’intensité ces dernières années. Ils ont annoncé jeudi vouloir de franchir une nouvelle étape, en préparant une initiative populaire constitutionnelle, qui sera lancée mi-août prochain et dont le texte final est en cours d’élaboration.

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Le canton est le propriétaire unique de Genève Aéroport. «La population doit donc avoir son mot à dire sur l’avenir de ces infrastructures», estiment ceux qui comparent Cointrin à «une machine qui s’emballe». Selon eux, les autorités élaborent des projets de développement dans le dos des citoyens. «Nous ne remettons pas en question l’existence de l’aéroport et son importance pour notre économie, précise Lisa Mazzone, conseillère nationale (Verts), vice-présidente de l’ATE et cheville ouvrière de la Carpe. Mais il est temps de poser un cadre de concertation démocratique, en ouvrant le tarmac au débat public.»

Faire monter la pression

Le moment choisi par des détracteurs de la plateforme genevoise pour accentuer la pression sur les autorités n’est pas dû au hasard. La démarche intervient alors que Cointrin est à un moment charnière de son histoire. Les grandes lignes du plan sectoriel de l’infrastructure aéronautique (PSIA), définissant le cadre d’exploitation et de développement de Genève Aéroport à l’horizon 2030, semblent avoir été tracées.

Mais un différend vient tout juste d’éclater entre les parties prenantes aux discussions. Avec d’un côté, le Canton et – particularité du bout du lac dans ce processus – les communes concernées. Et de l’autre, la Confédération. Les premiers souhaitant que l’enveloppe de bruit à ne pas dépasser soit plafonnée à l’horizon 2030 sur les niveaux de 2020. Ce que refusent pour l’heure les autorités suisses.

«Friture sur la ligne»

Selon nos informations, la Conseillère fédérale Doris Leuthard - qui souhaite reprendre la main sur les aéroports de Genève, Zürich et Bâle - ne serait pas prête à céder. Conséquence: entre l’Office fédéral de l’aviation civile et Genève, il y aurait depuis plusieurs jours de la «friture sur la ligne», signalent plusieurs sources proches du dossier. «Le processus de coordination suit son cours. Même si tous les points ne convergent pas encore, aucune tension particulière ni agacement n’est à signaler», assure de son côté le canton.

PSIA est un document capital pour le tarmac du bout du lac. Ce dernier est censé passer de 16 millions de passagers aujourd’hui, à 25 millions en 2030. Ce qui correspond à une hausse de 56% de la fréquentation et à une augmentation de 30% des mouvements d’avions, soit un décollage ou atterrissage toutes les 90 secondes, dix-huit heures par jour, du lundi au dimanche.

Zürich a mis cinq ans pour élaborer sa propre fiche stratégique. Une victoire de haute lutte, qui avait également dû en passer par le lancement d’une initiative populaire. Genève, de son côté, planche sur sa feuille de route aéronautique depuis environ trois ans. Le texte final est attendu pour l’automne 2017. Suite de quoi, il devrait être soumis à consultation durant deux mois.