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Fêtes de Genève: la crise s’aggrave encore

Poids lourd du conseil de fondation de Genève Tourisme, Pierre Brunschwig démissionne. Après le licenciement du producteur des Fêtes, Emmanuel Mongon, il est en désaccord sur la mouture de la manifestation prévue cet été

Vue sur le fameux jet d’eau de Genève. — © SALVATORE DI NOLFI
Vue sur le fameux jet d’eau de Genève. — © SALVATORE DI NOLFI

Nouvelle bourrasque sur les Fêtes de Genève. Pierre Brunschwig démissionne du Conseil de Fondation de Genève Tourisme & Congrès dont il était membre depuis une quinzaine d’années, a appris Le Temps. Après l’éviction du producteur français du Geneva Lake Festival, Emmanuel Mongon, qui devait être l’homme providentiel et qui vient d’être remercié, c’est un poids lourd de Genève Tourisme qui claque la porte.

Contacté, Pierre Brunschwig, associé gérant de Bongénie-Grieder, n’a pas souhaité s’exprimer. Mais sa lettre de démission, que Le Temps s’est procurée, relève plusieurs points de profond désaccord. Selon la lettre, le projet 2017 est «régressif et minimaliste» et risque d’égratigner la réputation de Genève Tourisme. Car au vu du gros déficit de la dernière édition, 3,2 millions de francs, soit 60% de plus que prévu, l’enveloppe pour l’été à venir sera réduite. Selon nos sources, ce sont les infrastructures qui en pâtiront les premières. Les eaux usées par exemple pourraient ne plus être raccordées, laissant craindre un peu écologique tout-à-l’égout.

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Des fêtes au rabais

Dans sa lettre, Pierre Brunschwig estime qu’il aurait mieux valu débrancher cette année, au lieu de produire des Fêtes au rabais. En clair, ne maintenir que le feu d’artifice et laisser à la Ville le soin d’organiser la fête foraine sur les quais, puisqu’elle le fait à satisfaction sur la plaine de Plainpalais. Ce qui aurait permis de construire un concept d’avenir pour 2018, tourné vers les dimensions musicale et culturelle. Mais la perspective d’une votation populaire, d’ici la fin de l’année, sur un raccourcissement de la durée des Fêtes à une semaine a probablement décidé Genève Tourisme à ne pas lâcher l’affaire si tôt. Pour compliquer encore l’histoire, l’Etat a commandé un audit sur la manifestation.

Pour l’heure, ni le directeur de Genève Tourisme, Philippe Vignon, ni le président du Conseil de fondation, Yves Menoud, n’ont souhaité commenter cette défection. Il faudra pourtant que Genève Tourisme s’explique sur tous les volets de l’affaire, y compris sur le licenciement d’Emmanuel Mongon. Entre autres griefs, Genève Tourisme lui aurait notamment reproché de ne pas avoir su trouver suffisamment de sponsors. «Il était le lampiste tout trouvé, estime une personne proche du dossier. Car on lui demandait l’impossible: trouver des sponsors, collaborer avec plus d’une dizaine de services de la Ville, vendre plus cher les emplacements aux stands et aux manèges. Les pouvoirs politiques devraient prendre leurs responsabilités et organiser ces Fêtes sans demander à Genève Tourisme la quadrature du cercle».

Un million de francs de droits de propriété intellectuelle

Ce n’est pas tout. Selon nos sources, le contrat du Français prévoyait, en sus de ses honoraires, des droits de propriété intellectuelle pour le concept Geneva Lake Festival de près d’un million de francs, en versements échelonnés sur plusieurs années. Toujours selon nos sources, il n’aurait touché que la première tranche en 2015 et aurait renoncé à celle de 2016.

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Quoi qu’il en soit, la démission de Pierre Brunschwig intervient dans un contexte politiquement très sensible. Sans responsable à sa tête, il est à craindre que Geneva Lake Festival ne parvienne pas, en quelques mois, à illuminer la Rade d’une lumière nouvelle.