Les Fêtes de Genève renouent avec la modestie
Manifestation
Le budget de cet été sera divisé par deux mais le feu d’artifice et les forains sont maintenus. Christian Kupferschmid succède au producteur français Emmanuel Mongon, remercié il y a quelques jours

Après avoir vu grand, trop grand, les Fêtes de Genève reviennent à plus humble formule. Et comme la symbolique est parlante, le pompeux «Geneva Lake Festival» s’éclipse devant l’appellation d’origine. Avec un déficit l’an dernier de 3,5 millions de francs, soit 60% de plus que prévu, et le licenciement du producteur exécutif français Emmanuel Mongon, Genève Tourisme & Congrès a présenté lundi à la presse les premières conséquences d’un spectaculaire rétropédalage.
Recettes insuffisantes
Exit donc l’ambitieux projet, qui devait s’étaler sur trois ans et monter en puissance. La fréquentation n’a pas été au rendez-vous, ni pour le feu d’artifice, ni pour les espaces loués. Si les charges ont été contrôlées, les recettes n’ont pas été suffisantes. Du coup, le budget de fonctionnement pour 2017 est divisé par deux, passant de 7 millions de francs l’an dernier à trois millions pour l’été prochain, avec un déficit prévu de 450 000 francs. A cinq mois de la manifestation, la Fondation est allée chercher Christian Kupferschmid, actuellement à la tête du Supercross International de Genève et organisateur notamment de 19 Lake Parade, pour remplacer au débotté Emmanuel Mongon. Parmi ses atouts, «sa connaissance de la politique locale», un aspect qui aura fait cruellement défaut à son prédécesseur. Si Genève Tourisme assure avoir fait son autocritique, on n’en saura pas plus sur les raisons du fiasco. L’institution s’en remet à l’audit en cours pour analyser le déficit de l’édition 2016.
La durée passe de 23 à 11 jours
Pour connaître le détail de ces Fêtes, prévues du 3 au 13 août prochain, il faudra attendre le mois de mai. Mais il y aura des concerts, des manèges autour de la Rade et le grand feu d’artifice. Pareil qu’avant, donc? «Non, ce ne sera pas un copier-coller de l’édition 2015, répond Yves Menoud, président du Conseil de fondation de Genève Tourisme, puisque la durée a passé de 23 à 11 jours avec un concept davantage tourné vers le lac». On peine quand même à saisir la différence.
Quant à la proposition d’installer des terrasses flottantes dans la petite Rade durant trois mois, «elle est retenue, bénéficie du soutien politique mais est renvoyée à 2018 ou 2019 pour des raisons de faisabilité technique et financière». Le raccordement des stands à l’eau courante et à l’électricité, qui a coûté l’an dernier près d’un million de francs, sera abandonné. On songe à la lettre de démission du Conseil de fondation de Pierre Brunschwig, dans laquelle il disait craindre que le projet 2017 ne soit «régressif et minimaliste» et n’entache la réputation de Genève Tourisme.
Lire aussi: Fêtes de Genève: la crise s’aggrave encore (23.02.2017)
Pour son directeur, Philippe Vignon, et Yves Menoud, il n’en est rien. Mais ils admettent être toujours à la recherche de la «formule magique», celle qui fit les beaux jours des Fêtes pendant les quinze années qui précédèrent la volonté de les dépoussiérer: une manifestation autofinancée qui amène des touristes et contente les Genevois. Pas si simple, alors qu’une initiative pour la diminution de la durée des Fêtes sera soumise au peuple à la fin de l’année. Et que les touristes, désormais, courent moins la Rade. L’équation s’avère compliquée, avec ou sans incantation.