En pleine crise du logement et à trois semaines du premier tour des élections cantonales, les habitants de la ville de Genève ont donné un signal clair ce dimanche en acceptant à 56% la densification d’une portion des Charmilles baptisée Bourgogne. Ce projet d’aménagement, attaqué par des associations d’habitants, prévoit la construction de 480 appartements et d’un parc public dans une zone aujourd’hui occupée par une trentaine de maisons. Outre le «bétonnage massif», les référendaires, soutenus par l’UDC et le MCG, dénonçaient le fort impact sur la biodiversité et la disparition d’un des «rares poumons de verdure» du quartier. Ils sont déterminés à résister jusqu’au bout.

Validation de la politique d’urbanisation

Densifier la ville en ville: alors que le débat sur la croissance fait rage, les autorités martèlent ce message. Elles ont visiblement été entendues. Le projet comprenant quinze immeubles de six étages destinés à loger quelque 1000 personnes a été considéré comme suffisamment qualitatif et modéré par la population. A l’image de la nette majorité du Conseil municipal, qui l’avait avalisé en mars 2022. Une victoire pour les autorités municipales, la large coalition politique composée du parti socialiste, des Vert-e-s, d’Ensemble à Gauche, du Centre, des Vert’libéraux et du PLR, mais aussi pour le chef de l’Aménagement du canton, Antonio Hodgers, candidat à sa réélection le 2 avril prochain. «L’alliance des partis pour une Genève ouverte a pesé dans ce vote», salue le magistrat écologiste qui y voit un symbole fort pour l’avenir du développement du canton, tout en soulignant l’importance de soigner la qualité urbaine et la place de la nature.

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Même constat chez la conseillère administrative Frédérique Perler qui s’avoue «soulagée et satisfaite». «Ma responsabilité est d’offrir des logements abordables à la population qui peine à se loger», confie-t-elle, rappelant que 4500 demandes de logements sont en attente à la Gérance immobilière municipale. Alors que certains habitants ont laissé entendre qu’ils ne partiront pas, l’élue verte affirme qu’aucune expropriation n’aura lieu et promet de maintenir le dialogue. «Le projet Bourgogne se déploiera petit à petit sur 15 ans, on espère ainsi arriver à convaincre les habitants.» A noter que sur les 35 parcelles concernées, 5 ont déjà été rachetées par des promoteurs et 2 par la Ville. «La construction d’au moins un immeuble peut donc démarrer.»

«Le projet vendu est mensonger»

Sur le terrain, un bras de fer se dessine. Native du quartier et membre de l’association à l’origine du référendum, Margaux Giordano n’a pas l’intention de céder. «Le projet vendu est mensonger, la biodiversité va être définitivement détruite, des centaines d’arbres seront abattus et le parc se limitera à un passage», lâche-t-elle, fustigeant les «méthodes de la Ville qui ne consulte pas les habitants mais se contente de les informer».

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Il n’empêche qu’avec ce vote, la traditionnelle coalition d’opposants au développement urbain engrange une nouvelle défaite après celle de la Goutte de Saint-Mathieu à Bernex en juin 2021. Regroupant tour à tour associations d’habitants, protecteurs de l’environnement, allergiques à la croissance ou encore défenseurs du patrimoine, elle était parvenue à faire échouer plusieurs projets d’aménagement ces dernières années, au Petit-Saconnex, à Cointrin ou encore à Pré-du-Stand. Une minorité toutefois si l’on considère les 26 modifications de zones et les 15 plans localisés de quartier acceptés sans référendum au cours de la législature.