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A Genève, la grève des gardiens de prison fâche les familles de détenus

Le personnel de Champ-Dollon suit le mouvement de la fonction publique. Dans ce contexte, le parloir du mercredi est supprimé et les enfants ne pourront pas rendre visite à leur père

Vue de la prison de Champ-Dollon, à Puplinge. — © MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE
Vue de la prison de Champ-Dollon, à Puplinge. — © MARTIAL TREZZINI / KEYSTONE

La grève des fonctionnaires, annoncée le 12 octobre à Genève, va faire des malheureux chez les tout-petits. Les gardiens de prison suivent le mouvement et seul un service minimum sera assuré pour la promenade obligatoire et les repas. Sacrifié sur l’autel de cette grogne, le parloir familial du mercredi, qui voit notamment défiler les enfants des détenus, est supprimé. Plusieurs mamans ont pris la plume pour déplorer cette injustice et demander au directeur de revenir sur cette décision.

Contactée, l’une des signataires de la lettre explique les raisons de sa démarche: «Ma fille est âgée de 5 ans et chaque jour elle demande des nouvelles de son papa. Elle peut le voir seulement quatre heures par mois, soit une heure chaque mercredi. Lui supprimer cette heure est très injuste. C’est le moment qu’elle attend toute la semaine. La situation est déjà très dure à vivre pour les familles sans y ajouter encore cette privation.»

Viviane Schekter, directrice de la fondation Relais Enfants Parents Romands (REPR), qui soutient les proches des personnes détenues, regrette aussi cette suppression: «Une fois de plus, les conflits des adultes prennent le pas sur les droits de ces enfants.»

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Douleur entendue

La lettre adressée au directeur, et transmise aux médias, demande principalement de rétablir ce parloir du mercredi qui a lieu entre midi et 14h et de communiquer au plus vite la décision aux personnes concernées. Subsidiairement, les mamans signataires réclament que cette heure soit rendue aux enfants et aux papas en prolongeant d’autant le parloir du mercredi suivant.

Cette requête subsidiaire a visiblement eu davantage de succès. Laurent Forestier, directeur de la communication à l’Office cantonal de la détention (OCD), précise: «S’agissant du cas particulier des parloirs familiaux, la direction de Champ-Dollon a entendu la douleur des mères qui se sont adressées à elle et s’est organisée pour prolonger d’une heure le parloir familial du mercredi suivant 19 octobre.»

Annulation globale

Pour le reste, Laurent Forestier souligne que «selon les procédures en vigueur, la direction générale de l’OCD doit fixer les modalités du service minimum et communiquer celles-ci aux organisations syndicales au minimum sept jours avant le début du mouvement. Les établissements se tiennent donc prêts à fonctionner en mode minimal et anticipent tout ce qui peut l’être pour ne pas être pris de court. Ignorant jusqu’au matin même le nombre de personnes qui feront effectivement la grève, il ne nous est pas possible de maintenir les parloirs, qu’il s’agisse des parloirs ordinaires, des parloirs familiaux ou des parloirs avocat.» Les parloirs n’auront donc pas lieu ce mercredi.

De son côté, la présidente de la Commission de droit pénal de l’Ordre des avocats, Me Catherine Hohl-Chirazi, fait remarquer: «Les gardiens ont probablement des raisons de faire grève. Le fait est que ce sont toujours les détenus qui trinquent alors que leurs conditions de vie au quotidien sont déjà difficiles.»

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