Série de cyber-modus
«Le cybercrime constitue une menace globale qui touche les collectivités publiques, les institutions, les individus et les entreprises», rappelle la commandante Monica Bonfanti face à la presse. En 2021, les infractions commises avec un «cyber-modus» ont surtout augmenté en matière économique (+49%) et sexuelle (+12%). La première catégorie comprend les escroqueries commises pour abuser des systèmes de paiement en ligne et usurper des identités (1664 cas). Il y a aussi les acheteurs qui se voient privés de leur marchandise déjà payée sur un site de petites annonces (176 cas). Au niveau national, ces formes d’astuces économiques représentent quelque 13 000 infractions.
Lire aussi: A Genève, le crime se met (un peu) en quarantaine
«Notre société se numérise et la délinquance aussi. Ces individus ont compris que les victimes sont plus vulnérables sur internet et qu’ils ont moins de chance de se faire attraper», relève Richard Boldrini, chef de la police judiciaire. Pour s’attaquer au problème et à ces criminels d’un nouveau genre opérant souvent en bandes organisées, la police genevoise a créé, en septembre dernier, une brigade spécialisée de 14 inspecteurs (3 renforts sont espérés) afin de centraliser les efforts. En quatre mois d’activité, la Brigade de cyber-enquêtes (BCE) a traité 298 affaires et mené 6 actions de prévention à l’intention du public. Parmi les dossiers, il y a 70 cas de «money mules» (transporteurs d’argent), 65 cas d’abus d’identité, 6 dossiers de «romance scam» (arnaque au sentiment) ou encore 3 vols de cryptomonnaie. L’imagination n’a pas de limites.
Chef du Centre de compétences cyber pour la Suisse occidentale, créé en 2019 et basé à Genève, Patrick Ghion reconnaît la difficulté de la tâche et même l’impossibilité de chiffrer un quelconque préjudice. Les défis sont nombreux. Les personnes qui n’ont pas été victimes de ce genre de malversations pensent encore qu’ils ne sont pas concernés. «Il faut trouver les bons messages.» Quant à l’identification et l’arrestation des auteurs – notamment ceux domiciliés à l’étranger – celles-ci se heurtent à de nombreux obstacles. «On travaille plutôt à la perturbation de leur mode de fonctionnement. Il s’agit de rendre leur activité plus difficile, par exemple en supprimant les comptes suspects de vente en ligne», explique Patrick Ghion. L’engagement de spécialistes purs et de non-policiers fait encore l’objet de la réflexion. «On risque d’avoir de la peine à les garder.»
Toujours sur la Toile, 105 cyber-délits sexuels ont été enregistrés à Genève, dont 99 relèvent de la pornographie interdite. Au niveau romand, les cyberpatrouilles, coordonnées par ce même centre, ont mené des recherches secrètes et passé près de 3000 heures sur internet pour démasquer les pédocriminels. Une douzaine de suspects ont été interpellés.
Les violences graves
Parmi les autres formes de délinquance qui préoccupent toujours la police genevoise, il y a les violences graves (une catégorie très hétéroclite qui comprend meurtre, viol, brigandage, prise d’otage, etc.), qui se sont stabilisées à un niveau élevé. Surtout, le nombre de mineurs dénoncés pour des actes sexuels et de sérieuses bagarres est en hausse. Cette augmentation se fait aussi sentir au niveau suisse avec 33 prévenus mineurs supplémentaires (+14,5%) dénoncés pour des infractions graves de violence.
A Genève toujours, les violences domestiques sont à la baisse, mais le canton a dénombré 6 homicides durant l’année, dont 4 ont été perpétrés dans un contexte conjugal. Trois des victimes sont des femmes. Au niveau national, le nombre de 42 homicides est l’un des plus bas depuis environ quarante ans. Ces crimes ont été perpétrés à 23 reprises dans la sphère familiale. Quinze femmes et un homme ont été tués dans le cadre d’une relation de couple actuelle ou passée, trois enfants par l’un des parents. Les autres victimes (deux femmes et deux hommes) sont des parents ou d’autres membres de la famille.