La rentrée scolaire est synonyme d’opération de communication pour les partis politiques. Cette année, le Mouvement Citoyens genevois (MCG) a opté pour des ballons. Lundi matin, les collégiens en route pour les bancs d’école ou les employés en costume de bureau ont pu croiser d’étranges globes rouge et jaune porteurs de ce message: «Bonne rentrée, nos chômeurs en rêvent!» Accrochés aux arrêts de bus, aux panneaux de signalisation ou encore aux barrières, ils ont fait sensation.

«Quelque 2000 ballons de baudruche ont été posés durant la nuit de dimanche à lundi dans tout le canton», confirme Ana Roch, présidente du MCG. Pourquoi cette opération inédite? «D’ordinaire, nous publions des encarts dans la presse, mais cette fois nous avons eu envie de faire passer le message autrement, pour toucher tout le monde. Nous n’avons que des retours positifs jusqu’ici.»

Mélange des genres

Il n’empêche, le mélange des genres étonne. «Le chômage est l’une des thématiques phares du parti, rétorque la présidente. Nous travaillons toute l’année à favoriser les demandeurs d’emploi locaux à travers la préférence cantonale. Des statistiques prouvant l’efficacité de cette mesure seront bientôt disponibles.» Quitte à prendre appui sur les écoliers pour toucher les chômeurs? «La rentrée comme les fêtes de fin d’année sont des moments clés pour communiquer.»

Mercredi dernier, l’UDC a publié un encart de «bons vœux» dans le GHI, en lien cette fois avec l'école: «L’UDC souhaite une bonne rentrée des classes à tous les écoliers et à tous les enseignants, ainsi qu’une année couronnée de succès et libérée de toute propagande.» Accompagné d’un design «tableau noir», le message a fait jaser sur les réseaux sociaux. Les deux opérations n’ont semble-t-il pas été coordonnées. 

Propagande détournée

«C’est la première fois qu’on tente l’expérience», précise Eric Bertinat, secrétaire général de l’UDC genevoise. «Notre message est clair, nous voulons un enseignement neutre qui ne façonne pas l’esprit des élèves. Ce n’est pas à l’école de préparer les enfants politiquement. Or, de plus en plus de parents et d’enseignants se plaignent que des sujets sont tabous, voire interdits.» Faire la «propagande de la non-propagande», n’est-ce pas ambigu? «Le jeu de mots est assumé. Comme parti politique, on ne revendique pas la neutralité, en revanche on l’exige à l’école.»

«Pas de très bon goût»

Les Verts genevois, quant à eux, ont présenté leurs vœux à l’occasion de la désignation des candidats au Conseil d’Etat la semaine dernière. «L’occasion de revenir sur le devant de la scène», explique Delphine Klopfenstein, cosecrétaire générale. «La vie politique est liée à la vie scolaire, les deux calendriers se suivent.» Pas question pour autant de s’emparer de la rentrée par opportunisme: «Le message politique doit avoir du contenu. Dans le cas du MCG et de l’UDC, ce n’est pas de très bon goût.»

«Domaine public»

Qu’en pense le Département de l’instruction publique? «A notre connaissance, ces opérations ont lieu hors des établissements scolaires et relèvent donc du domaine public, répond Pierre-Antoine Preti, responsable de la communication. Il n’y a pas d’impact direct sur les élèves. En revanche, on sent que la campagne a bel et bien commencé.»

Lire aussi: Rentrée scolaire: Genève fait mieux avec autant