L’ère de la disparition des moteurs à explosion en ville semble avoir commencé à Genève. L’enjeu est désormais de savoir à quel rythme les restrictions vont se multiplier pour les véhicules à émission de carbone et en parallèle quels moyens seront donnés aux transports publics, aux vélos et aux piétons. Le vote de ce dimanche va encourager la gauche à accélérer le mouvement. La droite va tenter de maintenir un développement équilibré de tous les modes de transport, en soulignant notamment que le désengorgement du centre passe par la traversée du Léman.

Ce dimanche 27 septembre, plus de 58% des votants se sont dits prêts à réduire le nombre de places de stationnement au centre afin d’accorder plus d’espace aux bus, aux vélos et aux piétons. Cette modification de la loi d’application de la législation fédérale sur la circulation routière (LaLCR) va faire disparaître 4000 places de parking en surface dont la moitié sera compensée en sous-sol.

Les Genevois ont donc montré de la constance par rapport à leur vote de 2016. Ils avaient alors dit oui à la loi sur une mobilité cohérente et équilibrée qui dressait précisément l’ordre des priorités: mobilité douce au centre-ville, motorisée en périphérie. Ce vote du 27 septembre est également la suite de l’élan donné aux Verts lors des élections fédérales de 2019 puis, plus largement, à la gauche lors des municipales du printemps dernier.

Patience et détermination

«On a été très patients», lance Delphine Klopfenstein Broggini, présidente des Verts, en accueillant la victoire dominicale. Référence à 2016, tout comme à l’acceptation par le peuple de l’initiative 144, votée en 2012 déjà, en faveur de pistes cyclables. Dans le ton de la conseillère nationale, la fermeté le dispute à la détermination: «Il s’agit désormais de limiter l’accès des voitures dans les quartiers et en ville. Il faut démotoriser le centre et la périphérie.» Comment procéder? «En développant le réseau ferroviaire, les transports publics et les aménagements cyclables, notamment les sites protégés. Il va aussi falloir s’attaquer à la question de la vitesse, qui est un enjeu déterminant. C’est l’entier du canton qui devrait passer en zone 30 km/h.»

On doute que la précipitation de la Verte plaise à la droite. Ce côté-ci de l’échiquier n’est pourtant pas homogène. Le PLR incarne bien ce paradoxe. Le parti est dans le camp des vainqueurs puisqu’il avait soutenu au Grand Conseil la loi pour laquelle les Genevois ont été appelés aux urnes suite à un référendum du TCS et d’un syndicat d’entrepreneurs. Une partie de ses sympathisants n’a toutefois pas digéré l’irruption des «covipistes cyclables». Vincent Subilia, député PLR et directeur de la Chambre de commerce, est dans cette position d’équilibriste. S’il salue le résultat du vote, il tient à ce que la politique de la mobilité obéisse à une «perspective globale». «Seul un ensemble de mesures pourra désengorger le centre de Genève, dit-il. La traversée en fait partie. Nous veillerons également à ce que l’application de la loi votée ne se fasse pas au détriment des commerçants. La seconde contrepartie est un soutien au parking Clé-de-Rive.»