La grosse fatigue des politiques devant la poursuite de l’affaire Maudet
Genève
Pour le PLR, l’enjeu judiciaire est dissocié du problème politique. Celui-ci reste entier

La torpeur estivale ne laisse pas le PLR souffler. Mais le parti bourgeois commence à fatiguer, même si la nouvelle du renvoi du conseiller d’Etat en jugement n’est qu’un jalon de plus dans une procédure qui promet de durer encore: «Le renvoi en jugement n’est pas notre enjeu, commente Bertrand Reich, président. Le nôtre, c’est celui de l’éthique et des méthodes de Pierre Maudet. Quand on utilise les membres de son parti les uns contre les autres, ça ne va pas du tout.» Le président n’a pas digéré les révélations du Temps concernant les échanges entre Pierre Maudet et Simon Brandt au sujet de la fête d’anniversaire du Conseiller d'Etat en 2018, payée par le groupe hôtelier Manotel. Il les a convoqués lundi devant le comité directeur pour s’expliquer.
Déjà, Simon Brandt en a tiré les conséquences: il lâche la vice-présidence du PLR Ville de Genève, et le trésorier lui emboîte le pas. Jusqu’ici, cette section avait soutenu le candidat malheureux au conseil administratif. Désormais, elle le lâche: «Nous avons été choqués par cet échange, explique Vincent Latapie, président. Notre section est totalement étrangère à l’échange relaté, elle n’a jamais retouché un PV ni utilisé des fonds à d’autres fins que des buts associatifs.»
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Plus d'illusions au PLR
Le PLR a cessé de s’illusionner sur le retrait de Pierre Maudet, même si le caucus a voté unanimement pour qu’il ne se représente pas aux élections en 2023. Aussi, Bertrand Reich sait que sa question est rhétorique – aucune instance politique ou institutionnelle ne pouvant forcer un ministre à la démission ou à ne pas se représenter: «Un conseiller d’Etat renvoyé en jugement devrait se poser la question de savoir s’il est plus utile au gouvernement ou s’il devrait plutôt se consacrer à sa défense.»
Ancien président du PLR, le député Alexandre de Senarclens dissocie aussi le volet judiciaire du fond du problème: «Peu importe l’issue judiciaire. Ce qui est en cause, c’est l’intégrité de Pierre Maudet, ses méthodes politiques, sa façon de traiter les institutions et son parti. C’est là-dessus qu’il a fauté et perdu toute dignité. C’est à l’aune de ces valeurs qu’il doit être jugé politiquement.» Et qu’il y ait un abandon partiel de certaines charges n’y change rien. A gauche, Thomas Wenger, député socialiste, enfonce le clou: «Maintenant que le procès se profile, c’est encore moins tenable de rester en poste. Il doit prendre ses responsabilités.»
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