Les chiffres sont éloquents. En 2015, les deux principaux services d’urgences, adultes et pédiatriques, des Hôpitaux universitaires genevois (HUG) ont respectivement accueilli près de 65 000 patients et 27 000 enfants, soit des hausses de fréquentation de 3,3% et de 9,3%. Si les délais d’attente avant de pouvoir s’adresser à un médecin diminuent pour tous les types d’urgence, certains d’entre eux sont «encore trop longs», avance Bertrand Levrat. «Aujourd’hui, je ne peux pas fanfaronner», concède le directeur de la régie publique autonome. En moyenne entre 2014 et 2015 – et pour les urgences non vitales –, le malade adulte doit prendre son mal en patience entre 5 et 28 minutes. Mais plus pesant encore pour le patient, la durée totale d’un séjour aux urgences ne varie que très peu, passant de 5h30 à 5h. «Conçues il y a plus de 20 ans pour quelque 60 000 visites, les urgences (adultes, ndlr) sont aujourd’hui saturées», confie au Temps le patron de l’hôpital universitaire en marge de la publication du rapport d’activité 2015 des HUG qui s’est tenue ce lundi. Coût estimé d’un agrandissement: autour des 30 millions de francs.

Un agrandissement des Urgences qui n’est pas prioritaire pour Genève

Alors même que la participation de l’établissement hospitalier au vaste plan d’économies imposé par le Conseil d’Etat devrait lui coûter près de 13 millions de francs cette année, et que ses charges augmentent plus vite que ses recettes, comment les HUG comptent-ils financer un agrandissement des Urgences? «S’il le faut, j’irai les chercher moi-même», réplique Bertrand Levrat pour attester, certes, de la nécessité des travaux mais surtout de la pression politique qu’il compte exercer sur le gouvernement genevois. Son ministre de tutelle, le MCG Mauro Poggia demeure moins abrupt. «Sur la période 2016-2017, la rénovation de ce service n’a pas été considérée comme une priorité d’une majorité du Conseil d’Etat. Bien que ce projet me tienne à cœur, il y a une priorité gouvernementale qui diffère de la priorité départementale», commente le conseiller d’Etat chargé de la Santé. Le directeur des HUG, lui, estime qu’il faudrait déposer un projet de loi, et donc une demande de crédit d’investissement, à la fin de cette année déjà. Et ce, pour que les premiers travaux puissent débuter à l’automne 2017.

Le respect «strict» de la loi sur le travail coûterait 20 millions de francs aux HUG

Parmi les pistes de financement du projet, certains semblent présager d’un «abandon» de l’objectif d’économies à hauteur de 13 millions de francs exigé de la part de la régie publique. Pour sa part, Mauro Poggia indique que des réflexions sont en cours afin d’imaginer comment les HUG pourraient financer eux-mêmes les travaux. La tâche s’avère ardue au vu des autres chantiers qui occuperont le plus gros employeur du canton. Puisque de l’aveu même de la direction et du conseil d’administration de l’hôpital, les HUG ne respectent toujours pas la loi sur le travail en matière d’horaires. Se mettre en conformité stricte avec la législation lui coûterait 20 millions de francs supplémentaires.