Cohabitation
Sur Facebook, les internautes commentent le désamour de la Suisse pour ses expatriés et reconnaissent des torts partagés

Le désamour de la Suisse pour ses expatriés agite les réseaux sociaux. Après la publication d’un article sur le site du «Temps», les internautes, soucieux de se rabibocher les deux camps, concluent à des torts partagés. Tandis que certains reconnaissent la difficulté pour un étranger de s’intégrer pleinement dans son pays d’adoption, d’autres pointent le manque de coopération des expats qui, bien souvent, ne font pas l’effort d’apprendre le français. En particulier au bout du Léman, terre d’accueil prisée du cadre à col blanc. Et si l’employé de la Genève internationale tel qu’on le perçoit n’était qu’un miroir du Genevois: distant, un brin élitiste et difficile d’accès, mais qui s’avère attachant une fois apprivoisé?
Méconnaissance du français
Pour l’expatrié fraîchement débarqué de Hongkong, de Sao Paulo ou de Singapour, tisser des liens avec la population suisse tient du parcours du combattant. Vraiment? Avant d’être ami, encore faudrait-il pouvoir communiquer, lit-on entre les lignes des commentaires Facebook. La méconnaissance du français reste le plus gros reproche adressé aux nouveaux venus: «Quand vous avez des voisins expatriés qui ne font même pas l’effort de dire bonjour en français, ça ne donne pas vraiment envie de faire plus…», déplore Stefani Leu. Et Maeve Farias enfonce le clou. «Il faut voir les expats à Genève… toujours entre eux à tchatcher en anglais. Ils repartiront deux ans plus tard sans avoir appris grand-chose de la Suisse!»
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Oui mais, à en croire certains internautes, les locaux ne donnent pas envie non plus. «Le Suisse est froid! martèle Volodia Suchet. L’authenticité, la chaleur humaine, le désintérêt, ne sont pas dans sa génétique.» «Les Suisses sont des personnes réservées qui aiment s’occuper de leurs affaires, tempère Stefano da Artore. Il n’y a rien de mal à cela.» Et on navigue volontiers dans les clichés. Les Genevois, eux, «ont l’excuse d’être entourés de montagnes avec le foehn qui rend fou», ironise Martine Fossati.
Faire le premier pas
La Suisse est-t-elle vraiment le leader de l’accueil le plus méprisant? Est-elle la seule à pratiquer une «culture de clan»? «C’est partout comme ça, même ailleurs en Europe», estime Roger Grandchamp. «Pour avoir vécu dans quatre pays différents, c’est difficile de s’intégrer partout. Il faut juste accepter que ça prenne du temps», ajoute Dianneke Sifflet. Dès lors c’est à qui osera faire le premier pas. David Gyger y va de ses conseils. «Il faut sortir, s’investir, adhérer à un club de sport ou une association, faire du bénévolat. Ce n’est évident pour personne, expatriés ou locaux, dans les grandes villes on se noie dans la masse.»
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Pour certains, le manque d’ouverture est un mal généralisé qui frappe toutes les sociétés individualistes. «Dès qu’on sourit ou qu’on tient la porte à un inconnu on se fait regarder comme si l’on sortait d’une autre planète», clame Mukhtar Barre Ismail. Selon Stefano Colombo, Genève est loin d’avoir le monopole de l’hermétisme dédaigneux. «Les Suisses des grandes villes francophones se comportent comme ça avec tout le monde. Dis bonjour aux gens que tu croises dans le bus et ils appellent la police, pensant que tu es un fou!» Et pas besoin de venir du bout du monde pour être qualifié d’étranger. Des discriminations existent «d’un village à l’autre», note Selva Del Monte.
«Vivre dans sa bulle»
Le mea culpa s’échappe soudain de la bouche d’une des principales intéressées. «On a tendance à vivre dans notre bulle et les locaux nous considèrent souvent comme de passage, et donc, moyennement intéressants pour des amitiés à long terme», reconnaît Isagus Extroversions. Expats et locaux? Comme chiens et chats pour la vie!
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