Marché
La ville du bout du lac a posé son marché de Noël dans un jardin de lumières. Succès populaire pour cette première

A la nuit tombée, le parc des Bastions enroule des guirlandes et allume des étoiles filantes. Les grands ont des yeux d’enfant et les enfants ouvrent grand les leurs. Genève a posé son marché de Noël dans un jardin de lumières, entre le mur des Réformateurs et les universités. Il a ouvert le 6 décembre, fermera le 31. C’est une première.
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Pour faire un peu comme à Montreux, Lausanne, Bâle ou Zurich: réunir les gens autour d’un vin chaud à la sortie du bureau, les familles et les amis les samedis et dimanches autour d’une fondue. Mais sachez que le spacieux Chalet à Fondue, qui compte 150 couverts, enregistre 10 000 réservations et affiche donc complet jusqu’au 24 décembre. «Après, il y a de la place», nous dit-on. Peu importe. Il y a autre chose à voir et déguster.
Trente restaurateurs, les cuisines du monde, les crêpes, la raclette, les tacos, les huîtres de la baie de Quiberon. Soixante chalets en tout dont pas mal d’artisans et de commerçants de la ville qui, jure-t-on ici, exposent et vendent «rien que du local». Des chinoiseries ont tout de même été identifiées à la lecture de certaines étiquettes. «C’est inévitable de nos jours», assure une vendeuse de fichus. Le vin servi n'est pas à 100% Genevois, ce froisse les producteurs locaux.
«Ze place to be»
Ce marché éphémère en ce lieu prestigieux est une belle vitrine. «Ze place to be», rigole un cuistot des Peruvian Burgers. Au total, 250 000 personnes sont attendues ces trois semaines. Entendu ces brèves d’un dimanche soir: «C’est très beau et magique, on entre comme dans un conte de fées», «Y’a surtout à manger», «On m’a dit que les crêpes de Noël avaient quelque chose de particulier et j’ai trouvé: elles sont deux fois plus chères qu’ailleurs», «Le buste de Jean Piaget sent la raclette». «Un chalet vend du foie gras et du fô gras, faut qu’ils fassent gaffe aux vrais antispécistes.»
Une centaine d’exposants sont accueillis en tournus, afin de renouveler l’offre et inciter le chaland à venir une seconde fois. L’esprit est genevois, on l’a compris, mais on y parle aussi le suisse-allemand. Parce que deux équipes organisent la fête. La première est composée de Pascale Clemann et de Lara Mai Vo Van, des Genevoises déjà à l’origine des Street Food Festivals, du concept de restaurant éphémère Antichambre et du Marché Sans Puces.
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Quatre mois pour tout imaginer
La seconde de Katja Weber et Marc Blickenstorfer, deux Zurichois à la tête du Street Food Festival de Zurich. Ils ont remporté l’appel d’offres lancé par la ville de Genève. Lara Mai Vo Van explique: «La ville nous a proposé ce lieu et il a fallu tout faire en à peine quatre mois, construire 60 chalets, imaginer les illuminations aux arbres et trouver les locataires des chalets.» Les annonces sont passées par les réseaux sociaux. Coût d’une location: de 700 francs la semaine pour le design et l’artisanat à près de 9000 francs la période entière pour les restaurateurs.
Romain tient un chalet qui propose des objets de décoration et des bijoux fantaisie. Il a installé un chauffage au sol «mais c’est avant tout le nombre important de visiteurs qui permet de ne pas trop ressentir le froid». Pas de fouilles aux entrées. Malgré l’attentat sur le marché de Noël de Strasbourg, la police n’a donné aucune nouvelle consigne aux organisateurs. «Les patrouilles tournent plus souvent et puis ici tout le monde a l’œil, que ce soient nos employés ou les exposants», précise Lara Mai Vo Van. Outre les chalets, on trouve des yourtes avec des animations pour les plus petits, des carrousels et bien entendu la fidèle patinoire des Bastions, dotée pour l’occasion d’effets lumineux très réussis.