Nomination du recteur de l’Unige: pression maximale sur le Conseil d’Etat
Rectorat
Au terme d’un recrutement mouvementé, le gouvernement doit statuer ce mercredi sur la candidature du Québécois Eric Bauce à la tête de l’Université de Genève. En cas de refus, la menace de démissions au sein de l’Assemblée plane

La nomination du futur recteur de l’Université de Genève n’en finit pas de faire des vagues. Alors que le Conseil d'Etat doit avaliser dès mercredi le choix du Québécois Eric Bauce pour remplacer Yves Flückiger, la tension est à son comble. Une éventuelle démission en bloc de l’Assemblée de l’Université est-elle à craindre en cas de refus? Selon les informations du Temps, la question a émergé par le biais d’un membre de cet organe décisionnel ayant lui-même indiqué son intention de claquer la porte si la candidature de l’ancien vice-recteur exécutif de l’Université Laval n’était pas adoubée.
Questionné, le président de l’Assemblée composée de 45 membres issus des différents corps de l’université, Thierry Mathieu, temporise: «Si le Conseil d’Etat décidait de ne pas nommer la personne choisie et de remettre ainsi en cause l’autonomie de l’Université de Genève, l’Assemblée en prendrait acte et en tirerait les conséquences utiles en temps voulu», indique-t-il, jugeant prématuré de parler de «démission en bloc». Si aucune position officielle n’est arrêtée, la question reste ouverte et beaucoup attendent mercredi pour se positionner. De quoi augmenter la pression sur le gouvernement cantonal.
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La République en émoi
Fuites dans les médias, passes d’armes sur les réseaux sociaux, lobbyisme dans un sens comme dans l’autre: la succession du recteur agite la République depuis des mois sur fond de crise institutionnelle. Un refus constituerait un camouflet inédit pour l’Assemblée, qui devrait alors lancer un nouveau processus de recrutement. Cela nécessiterait également que l’actuel rectorat assume un intérim puisque l’entrée en fonction, prévue le 15 juillet, serait fatalement retardée. Interrogé, le président du Conseil d'Etat, Mauro Poggia, refuse de s’exprimer pour l’heure mais annonce la tenue probable d’une conférence de presse mercredi.
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Elu à la majorité absolue dès le premier tour par l’Assemblée, Eric Bauce ne fait pas l’unanimité à l’interne, ni dans le landerneau politique genevois, qui aurait préféré un candidat du sérail. Le Conseil d'Etat, lui, semble divisé. Interrogée en amont du recrutement, la cheffe de l’Instruction publique, Anne Emery-Torracinta, avait souligné l’importance pour un candidat d’être ancré en Suisse et de connaître le fonctionnement du système helvétique. Ses collègues pourraient cependant ne pas être sur la même ligne. Davantage que l’ancrage ou l’origine, les compétences, la qualité du réseau, la renommée internationale ou encore l’âge figurent parmi les critères évoqués en coulisse.
Soutien du Conseil d’orientation stratégique
De son côté, le Conseil d’orientation stratégique de l’Université de Genève a fait savoir dimanche qu’il soutenait la décision de l’Assemblée. «Le professeur Bauce propose un projet stratégique prometteur et fédérateur en adéquation avec les valeurs, les expertises et l’excellence de l’Université de Genève», a détaillé l’organe consultatif composé de sept membres dont la professeure Barbara Haering, le directeur de la SSR, Gilles Marchand, ou encore Yves Daccord, ancien directeur général du CICR et président du Conseil d’administration du Temps. Alors que la Suisse reste exclue du programme Horizon Europe, «ce projet renforcera le positionnement national et international de l’Université», ajoute encore le Conseil, espérant que les autorités adhèrent à cette vision, «dans le meilleur intérêt de l’université et du canton».
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