Nouvelle prolongation pour l’antispéciste de Champ-Dollon
Genève
Soupçonné d’avoir caillassé des boucheries et vandalisé un abattoir, le jeune activiste vient de voir sa détention préventive prolongée de deux mois. Il a changé d’avocat

Les mauvaises nouvelles se suivent et se ressemblent pour Matthias*, antispéciste âgé d’une vingtaine d’années, incarcéré depuis fin novembre 2018 à Champ-Dollon. En début de semaine, le Tribunal des mesures de contrainte a de nouveau prolongé de deux mois la détention préventive du jeune militant soupçonné d’avoir caillassé des boucheries et des fast-foods et vandalisé l’abattoir de Perly au printemps 2018. Ses soutiens, collectifs antispécistes, gauche radicale et associations étudiantes, manifesteront mercredi matin devant le Palais de Justice à Genève pour dénoncer un «acharnement judiciaire et politique». A leurs yeux, Matthias est «l’otage d’un système législatif qui protège des intérêts économiques au détriment de la dignité humaine et animale».
«Neuf mois de prison pour des dommages à la propriété, c’est clairement disproportionné», tance le nouvel avocat de Matthias, Olivier Peter, qui précise qu’un recours sera déposé. Membre de l’étude genevoise Interdroit, il s’est spécialisé dans la défense des droits fondamentaux des activistes. «Compte tenu de ce qui est reproché à Matthias, soit des faits ayant eu lieu à l’extérieur, une assignation à domicile serait largement suffisante», estime-t-il.
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«Philosophie légale et légitime»
Dans sa décision, le Tribunal des mesures de contrainte invoque uniquement le risque de récidive et non plus le risque de collusion. «La justice considère l’appartenance à un mouvement antispéciste comme un facteur aggravant, dénonce Olivier Peter. Autrement dit, si mon client reniait ses convictions, il pourrait sortir.» Une «situation absurde», selon lui, l’antispécisme étant une «philosophie légale et légitime». L’avocat va même jusqu’à évoquer un risque de persécution: «On part du principe qu’un antispéciste est potentiellement dangereux. Il en va pourtant de la liberté de conscience.»
Problèmes de santé
En juin dernier, le procureur chargé du dossier, Adrian Holloway, justifiait la durée de la détention par des expertises commandées à l’Institut forensique de Zurich qui tardaient à arriver. Impossible, pour l’heure, d’en connaître les résultats. «Aujourd’hui, le Ministère public demande deux mois supplémentaires afin de rédiger l’acte d’accusation à transmettre au Tribunal pénal. L’enquête paraît donc terminée», conclut Olivier Peter, ce qui rend une nouvelle prolongation «d’autant plus incompréhensible» à ses yeux. Depuis le début de son incarcération, Matthias se plaint d’une alimentation inadaptée. D’après son avocat, elle lui causerait aujourd’hui des problèmes de santé.
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* Prénom d’emprunt.