Opération sauvetage du clocher de Saint-François à Genève
Patrimoine
Trois des sept colonnes qui soutiennent le clocher de l’église en rénovation ont été endommagées par le vent. Une intervention est en cours pour sécuriser les lieux avant l’arrivée de l’orage prévu dans la soirée. La croix et le dôme vont devoir être démontés

Une église en rénovation, des pompiers qui s’activent autour des échafaudages et un clocher qui concentre tous les regards: nous ne sommes pas à Paris mais à Genève, où l’église Saint-François, dans le quartier de Plainpalais, vit des heures difficiles. Dans la nuit de mercredi à jeudi, des vents violents ont légèrement endommagé le clocher. Depuis ce matin, les pompiers mènent un contre-la-montre pour sécuriser les lieux avant l’arrivée de l’orage prévu dans la soirée.
De part et d’autre, on s’agite autour de l’église dont les façades, en rénovation depuis septembre dernier, sont entourées d’une bâche blanche. Périmètre de sécurité, camions de pompiers et panneaux de gestion de crise témoignent de l’intervention en cours. «Des bourrasques à 70 km/h au moins ont légèrement fait bouger les échafaudages et la structure de l’église avec», détaille le capitaine du SIS Frédéric Jacques, en pointant du doigt l’une des sept colonnes, fendillée, photographiée par un ouvrier. Il précise toutefois que le bâtiment ne risque pas de s’effondrer: «La sécurisation est avant tout préventive.» Par précaution, la cure et un immeuble adjacent ont été évacués, de même que le petit parc Saint-François.
Course contre la montre
Il faut agir vite. Une grue transporte des agents d’intervention spécialisés au sommet de l’église, perché à 45 mètres du sol. Ils ont pour mission d’enlever la bâche qui recouvre les échafaudages pour sécuriser les colonnes endommagées avec des sangles. «Si ce n’est pas possible, il faudra démonter la structure, ce qui prendra des heures», prévient Frédéric Jacques. Aux alentours de 15h, le capitaine réfléchit à faire venir une seconde grue et une nacelle pouvant contenir trois personnes pour accélérer la cadence. Acacio Cardoso, solide tailleur de pierre, observe la scène les yeux écarquillés. C’est lui qui a donné l’alerte en constatant les dégâts à son arrivée sur le chantier. A 17h, le verdict tombe: malgré les efforts pour renforcer les colonnes, le poids qu'elles supportent reste trop dangereux. Le dôme et la croix de 400 kilos doivent donc être démontés. Une opération délicate qui devrait durer jusqu'à 23h.
Eglise en pierre blanche
A quelques mètres de l’intervention, le Père Pierre Marie demeure, lui aussi, silencieux. Ce matin, il a célébré la messe de 8 heures comme à son habitude. En apprenant la nouvelle, il a naturellement fait le rapprochement avec la cathédrale Notre-Dame de Paris et l’église du Sacré-Cœur à Genève. L’été dernier, le lieu, très fréquenté par la communauté hispanique, avait été ravagé par les flammes. Malgré son appréhension, le prêtre reste philosophe devant la force des éléments: «Le principal, c’est qu’aucune vie humaine ne soit engagée.»
Edifiée entre 1905 et 1908, l’église Saint-François est l’une des dernières églises construites entièrement en pierre taillée. Une pierre blanche lumineuse qui provient avant tout de France. «De Seyssel, de Savonnière et de Châtillon-sur-Seine», détaille Acacio Cardoso avec passion. Propriété de la paroisse Saint-François de Sales, l’édifice est assuré. Sa rénovation se déroule sous la houlette du bureau A-Architectes, présent sur les lieux de l’intervention.