La publicité commerciale échappe de peu au couperet en ville de Genève. Ce dimanche, les habitants ont rejeté à 51,9% l’initiative «Genève zéro pub», émanant de la gauche, qui visait à bannir les réclames marchandes de l’espace public pour laisser la place à des panneaux d’affichage vierges, à l’usage de tous. Les affiches culturelles, politiques ou sportives n’étaient en revanche pas concernées.

Ce vote est une victoire pour la droite, qui avait lancé le référendum au nom de la liberté économique. Il met également un point final à six ans de débat et plusieurs rebondissements en justice. Alors que les autorités municipales estimaient les pertes financières à 4,5 millions de francs, les opposants avançaient quant à eux le chiffre de 10 millions. Quelques jours avant le vote, la société Neo Advertising, responsable de l’affichage, avait évoqué des «conséquences économiques fatales» en cas d’acceptation. A noter que la ville de Genève compte quelque 4713 panneaux d’affichage dont 1480 sont réservées aux réclames commerciales.

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«Remettre du bon sens dans le débat»

A l’annonce des résultats, Kevin Schmid, président du PLR ville de Genève, exprime son soulagement. «On savait que le vote allait être serré, il a fallu remettre du bon sens dans le débat et parler des conséquences non seulement financières mais aussi en termes d’emploi en cas d’acceptation», souligne-t-il, rappelant que Genève compte en moyenne quatre panneaux pour 1000 habitants, moins que Lausanne qui en dénombre environ cinq. «Face à l’hygiénisme de la gauche, la population a compris que ce mal imaginaire dont on souhaitait la préserver n’existait pas», argumente-t-il encore, espérant que le débat soit désormais clos.

«Les moyens du camp adverse étaient énormes»

Malgré la défaite, Emmanuel Deonna, membre du comité d’initiative et député socialiste, se félicite quant à lui d’un «résultat honorable» obtenu après un «combat de longue haleine». «Les moyens du camp adverse étaient énormes, plaide-t-il dénonçant par ailleurs des «mensonges éhontés». Dire que le commerce local aurait pâti de notre initiative est tout simplement faux, seuls les multinationales ou les grands groupes peuvent se payer ces affiches.» A présent que les enjeux ont été posés, Emmanuel Deonna ne compte pas s’arrêter là. «On va continuer à se battre pour dénoncer les impacts de la publicité commerciale et de la surconsommation.»

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C’est aussi l’avis du conseiller administratif vert Alfonso Gomez, à la tête du Département des finances, de l’environnement et du logement. «Repenser nos modes de consommation n’est plus une option, mais une nécessité», argumente-t-il, soulignant que la suppression des réclames marchandes était l’une des mesures fortes de la stratégie climat de la ville. Considérant la décision populaire, l’élu compte désormais sur la prochaine renégociation du contrat avec le concessionnaire qui prend fin en 2025. «La ville prendra les dispositions nécessaires pour tenter de promouvoir une consommation plus durable voire des espaces blancs.»