La position de Gilles Marchand à la tête de la SSR devient de plus en plus inconfortable. Plusieurs élues vertes réclament désormais ouvertement sa démission après l’éclatement du scandale des dysfonctionnements à la RTS révélé par Le Temps. «Il n’est plus l’homme de la situation», affirment la cheffe du groupe, Aline Trede, et la Vaudoise Léonore Porchet. A l’occasion de la Journée internationale des droits de l'homme, le groupe a déposé une batterie de six interventions parlementaires pour lutter contre le harcèlement et les agressions sexuelles dont les femmes sont victimes.

Ces derniers mois et années, les affaires se sont multipliées, non seulement à la RTS, mais aussi dans les écoles polytechniques fédérales, la BNS ou la Haute Ecole fédérale de sport de Macolin. «Nous en avons marre», déclare Léonore Porchet. «Au fil du temps, des scandales sont révélés et personne ne fait rien. Pire: personne ne veut rien faire», se désole-t-elle. Aussi le groupe des Verts frappe-t-il fort en interpellant le Conseil fédéral. Katharina Prelicz-Huber (ZH) souhaite la ratification rapide de la convention de l’Organisation internationale du travail (OIT) contre le harcèlement sur le lieu de travail. Isabelle Pasquier (GE) pose des questions sur la situation dans l’administration fédérale. Quant à Valentine Python, elle s’inquiète de la culture «sexiste et homophobe» présente sur le campus de l’EPFL.

«Des dysfonctionnements systémiques»

C’est Aline Trede, membre de la Commission des transports et des télécommunications (CTT), qui signe l’interpellation sur la RTS. «Même s’il faut respecter la présomption d’innocence, la rupture de confiance envers la tête de l’entreprise est grande», écrit-elle en préambule. «On sait déjà qu’il y a eu des dysfonctionnements d’ordre systémique. Il faut donc changer le système et les personnes qui l’ont incarné», estime-t-elle.

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Les élues et élus verts savent bien que seul le conseil d’administration de la SSR est compétent en la matière. Mais ils tiennent à connaître l’avis du Conseil fédéral. Quelles mesures celui-ci attend-il du conseil d’administration de la SSR? Est-il d’avis que les harceleurs doivent être licenciés sans délai? Gilles Marchand est-il encore l’homme de la situation pour piloter les changements nécessaires?

L’actuel directeur de la SSR (à l’époque des dysfonctionnements, il était patron de la RTS) est donc concerné au premier chef. En dehors des Verts, les députés des autres partis attendent les résultats des quatre enquêtes indépendantes que la SSR a lancées avant de se prononcer. Mais en aparté, la plupart d’entre eux ne croient plus que Gilles Marchand puisse se maintenir à son poste. «D’après les médias, les syndicats détiennent la preuve qu’il était au courant des faits. Si c’est vraiment le cas, sa position n’est plus tenable», pense l’un d’eux.