La Ville de Genève s’attendait à un équilibre budgétaire, il n’en est rien. La Municipalité clôt l’exercice 2015 sur un boni de 39,5 millions de francs pour des charges nettes tournant autour de 1,145 milliard de francs. Pour expliquer ce résultat excédentaire, la conseillère administrative chargée des Finances, la socialiste Sandrine Salerno, invoque une «excellente maîtrise des charges associées à des revenus non budgétés», notamment des correctifs d’impôts liés à des années antérieures (+33,9 millions) et une revalorisation des actions (+ 6,9 millions) que possède la Ville dans la Banque cantonale de Genève.

Cet excédent permet ainsi à la Municipalité d’atteindre un taux élevé d’autofinancement de ses investissements (95% contre 65% prévus au budget) à hauteur de 132,3 millions de francs. Sur ce total, près d’un tiers a été consacré à la culture et aux loisirs, un sixième aux écoles publiques et un cinquième au «social» et aux logements. La dette est donc restée stable à 1,51 milliard de francs.

Revenus liés à l’imposition demeurent stables mais pas les charges

Un peu plus de la moitié des revenus que perçoit la Ville de Genève est le fruit de l’imposition. Du côté des personnes physiques, la Municipalité a engrangé 564,7 millions de francs contre 552,2 millions en 2014 (+ 12,5 millions). A l’inverse, elle n’a reçu que 159,2 millions de francs à titre de l’imposition des personnes morales contre 171,2 millions une année plus tôt (- 12 millions).

En termes de charges globales nettes, la collectivité publique essuie une hausse de près de 28 millions de francs (+2,5%) entre l’exercice 2015 et 2014. Elles s’établissent à 1,145 milliard de francs contre 1,117 milliard l’année précédente. Les charges de personnel ont augmenté de la même manière: en 2015, la Municipalité y a consacré 471,5 millions de francs contre 459,5 millions en 2014 (+2,6%). «Cela s’explique par des contraintes liées aux mécanismes de progression salariale ainsi qu’aux nouveaux postes créés (42,1 équivalent temps plein, ndlr) sous l’impulsion de la droite, notamment dans le domaine de la sécurité, à savoir des pompiers et des agents de police municipale», explique Sandrine Salerno.

«Etre responsable aujourd'hui appellerait à plus de prudence»

Un discours qui ne manque pas d’agacer la droite municipale. «Nous constatons que les revenus fiscaux diminuent et que les charges augmentent alors même que l’indice des prix à la consommation baisse dans tout le canton. Etre responsable aujourd’hui appellerait à plus de prudence, commente le conseiller municipal libéral-radical Adrien Genecand. Surtout que la troisième réforme de l’imposition des entreprises, qu’elle soit acceptée ou pas, nécessitera de réduire la voilure.»

La magistrate, elle, estime au contraire qu’il n’est pas rationnel, aujourd’hui, d’anticiper lors de l’élaboration des budgets futurs, «une réforme dont on ne connaît pas encore les contours». La magistrate a rappelé que les communes n’avaient pas le droit de constituer des provisions.


Pour poursuivre: Sandrine Salerno: l'autre Pierre-Yves Maillard