A la veille des fêtes de Noël, la ville de Genève a adressé une dénonciation pénale au Ministère public pour lui demander d’investiguer les allégations relatives à l’agenda du Club sportif police municipale Genève. Deux semaines auparavant, une enquête conjointe du Temps et de Léman Bleu relevait que certains entrepreneurs sollicités pour placer des publicités dans cet agenda distribué à 500 exemplaires s’étaient étonnés du flou entourant la démarche du groupe Uniaccess, mandaté par le club sportif. Destination incertaine des fonds, tarifs élevés des encarts et appels à contribution insistants comptaient parmi les questions soulevées.

Le directeur d’une grande société avait alerté directement la conseillère administrative en charge de la sécurité en ville de Genève, Marie Barbey-Chappuis, au sujet d’un individu disant récolter des fonds pour des œuvres caritatives de la police municipale. De plus, le responsable d’Uniaccess, que nous avions surnommé Patrick, s’était présenté au moins à une reprise auprès d’un entrepreneur comme «chargé de mission de la police municipale», entretenant la confusion sur la nature de son mandat. A ce sujet, Patrick avait nié tout usage abusif du nom de la police, avant de concéder: «Parfois, lors de discussions, j’ai pu dire que c’était pour l’agenda de la police municipale, mais je ne me suis jamais fait passer pour un policier.»

En décembre, Marie Barbey-Chappuis déclarait au Temps qu’elle entendait examiner «les éventuelles suites judiciaires à y donner si les faits sont confirmés». Elle a apparemment estimé que les éléments contenus dans notre enquête méritaient d’être portés devant la justice, comme l’indique son porte-parole, Cédric Waelti, confirmant une information parue samedi dans la Tribune de Genève.

Autorités muettes

Pour le reste, la ville ne fait aucun commentaire. On ignore ainsi quelles infractions seraient susceptibles d’avoir été commises, si tant est que ce soit le cas. Et le Ministère public ne souhaite pas dire s’il a ouvert ou non une procédure pénale.

Sollicité, Patrick, qui bénéficie en tout état de cause de la présomption d’innocence, ne désire pas non plus commenter cette information. En décembre, il avait expliqué que sa démarche est officielle et transparente, comme indiqué dans le Kit Media Police municipale envoyé à la signature du contrat. Il disait assumer ce qu’il dit mais «pas ce que son interlocuteur comprend ou déduit» de son démarchage. Quant à son insistance auprès des entreprises, il avait puisé dans Tintin cette maxime de l’assureur Séraphin Lampion: «Un vendeur qui n’insiste pas n’est pas un vendeur.»

Activités sportives

L’agenda du Club sportif est édité depuis de nombreuses années et finance les activités sportives des agents municipaux de 17 communes genevoises, comme le championnat corporatif de football, le championnat de France de pétanque des polices municipales, du volley-ball et des courses à vélo. Son président, Christophe Torrente, qui est sergent-major en ville de Genève, précisait que le club reçoit entre 1000 et 1500 francs par année d’Uniaccess. Lequel réalise un chiffre d’affaires annuel d’environ 70 000 francs en vendant les encarts publicitaires à de petits entrepreneurs ou des grands groupes de la place économique genevoise. Uniaccess dispose d’un mandat depuis 2018.

La ville de Genève a demandé au Club sportif de retirer de l’agenda 2022 les armoiries des 17 communes genevoises pour éviter que cela «prête à confusion et donne un caractère officiel à une association qui est privée».