Les dossiers terroristes
En 1982, Gérald Benoît assistait ainsi un jeune activiste arménien qui avait assassiné de trois balles dans le dos un employé du consulat de Turquie à Genève. L'avocat avait aussi défendu un autre membre de l'Armée secrète pour la libération de l'Arménie, arrêté lors de l'explosion de la bombe qu'il était en train d'assembler dans un hôtel de la place. L'homme de loi a payé ces affaires de sa personne. Agressé au nunchaku par trois inconnus, il souffrira longtemps de multiples fractures au fémur et d'une angoisse certaine.
Mais pas encore de quoi le faire renoncer. En 1989, Gérald Benoît plaidait, avec à ses côtés le tout jeune Eric Hess, devant la Cour pénale fédérale au procès de Hussein Hariri, ce pirate de l'air libanais condamné à la prison à vie pour avoir détourné l'avion d'Air Afrique sur l'aéroport de Genève et exécuté un passager au nom de la résistance arabe.
Un brillant pédagogue
La démarche nonchalante, le sourire accueillant, une Gitane fumante à la main, Gérald Benoît cultivait la discrétion. Il aimait se retirer pour lire dans sa cabane d'Hermance, cuisiner pour ses amis, prendre soin de ses deux boas ou encore voyager à Tahiti, là où, tout jeune plaideur, il avait sauvé des indépendantistes de la peine de mort. Il pouvait compter sur sa sœur, colonne vertébrale de l'étude, pour que l'organisation fonctionne.
Au Palais de justice, sa présence se faisait plus rare. C'était compter sans les nominations d'office. En 2013, le sort le désignait pour être l'avocat de Fabrice A., le bourreau du drame de La Pâquerette. Yann Arnold, son associé à l'étude et dans cette défense, se sent désormais orphelin. «Il avait toujours le mot juste. On ne pouvait être qu'envoûté par sa manière limpide et percutante de plaider».
Ses anciens stagiaires le décrivent tous comme une personne d'une grande humanité, très disponible et toujours à l'écoute. «Gérald Benoît m'a donné le goût et l'envie de continuer ce métier», explique Eric Hess. Olivier Boillat, devenu juge des mineurs, se rappelle aussi un maître qui «savait transmettre sa passion du pénal». Une flamme qui lui survivra.