Grogne vaudoise contre l’aménagement du territoire
Plan directeur Les propositions du gouvernement de gauche sur le logement et les centres commerciaux suscitent l’hostilité du parlement
L’aménagement du territoire n’a pas la cote dans le canton de Vaud. C’est ce qui se dégage du débat parlementaire en cours sur le Plan directeur cantonal (PDCn). Plusieurs de ses dispositions, visant à concrétiser un tant soit peu les grands principes d’utilisation judicieuse du sol, sont fortement contestées.
Conformément à ses promesses électorales, la majorité rose-verte du Conseil d’Etat s’est fait un point d’honneur de renforcer dans la présente révision du PDCn le chapitre sur la construction de logement. Les communes se voient désormais invitées à répondre aux besoins de logement dans leur pluralité, autrement dit non seulement sous forme de villas ou d’appartements en PPE mais aussi de logements subventionnés ou à prix contrôlé. Des soutiens financiers sont possibles pour aider les communes à élaborer leurs plans d’affectation ou soutenir leur politique foncière.
Centres commerciaux
Même si elles n’ont rien de contraignant, ces propositions ont suscité suffisamment de rejet pour que la majorité parlementaire de droite les biffe d’un trait en commission. En plénum, la gauche a plaidé mardi pour le retour à la version du Conseil d’Etat. Mais les jeux semblent faits, même si les votes ne tomberont que la semaine prochaine. «Le canton est à un doigt de nous imposer des quotas par typologie de logement», a dénoncé Christelle Luisier, syndique PLR de Payerne, particulièrement remontée contre les intentions gouvernementales. D’autres ont dénoncé «une nouvelle couche de planification qui n’apportera pas un appartement de plus». «Refuser cette mesure, c’est donner du grain à moudre à l’Asloca», avertit toutefois Jérôme Christen (Vaud libre). Une initiative pendante de l’association des locataires veut contraindre les collectivités à construire, par expropriation au besoin.
La révision du plan directeur contient un autre sujet de confrontation: les critères d’implantation des centres commerciaux. Tirant les leçons des expériences de l’Ouest lausannois et de La Côte lémanique, où ces «installations à forte fréquentation» ont entraîné une gabegie urbanistique et routière, Vaud veut soumettre les nouveaux projets à une étude serrée. Mais sur ce point aussi, la droite a mouché les ambitions de l’exécutif, élevant de 1000 à 3500 m2 la surface à partir de laquelle le contrôle s’appliquerait. Christelle Luisier, en pointe là-dessus également, ne veut pas que l’on dissuade un magasin Landi ou un garden center de s’installer dans la Broye. Un compromis à 1500 m2 pourrait encore s’esquisser sur ce point, espère le Vert Vassilis Venizelos, rapporteur de minorité.
La mauvaise humeur avec laquelle sont accueillies les nouveautés du PDCn sont à mettre en lien avec le climat négatif qui entoure l’aménagement du territoire en général dans le canton. Les demandes des régions périphériques pour devoir moins réduire leurs zones à bâtir sont encore pendantes et pèsent sur l’ensemble de la problématique. L’hostilité envers l’aménagement du territoire s’est engouffrée également dans la brèche offerte par la transition à la direction politique du service, où la ministre verte Béatrice Métraux est en train d’être remplacée par la PLR Jacqueline de Quattro.
L’aménagement du territoire suscite du reste des réactions en chaîne. Tandis que les communes dénoncent le zèle planificateur et tatillon de l’Etat, le message de celui-ci est loin d’être univoque. Après avoir soutenu en 2013 la loi sur l’aménagement du territoire (LAT) en jurant qu’il l’appliquait déjà, Vaud s’est mis ensuite en première ligne de la mobilisation des cantons contre la Confédération et l’ordonnance d’application.