Haines, rivalités et jalousies au procès de la chasse à Porrentruy
braconnage
Un quatuor de chasseurs jurassiens est poursuivi pour avoir tiré illégalement 200 têtes de gibier. Dans un climat délétère de règlements de comptes campagnards, trois des quatre braconniers prévenus nient toute responsabilité et chargent un «demi-frère».
Le braconnage et l’atmosphère délétère qui caractérise le petit monde des chasseurs jurassiens en procès devant le tribunal correctionnel du Jura, à Porrentruy. L’affaire pénale, ce sont près de 200 têtes de gibier abattues illégalement (surtout des chevreuils, mais aussi des lièvres, des sangliers, des chamois et une chouette) entre 2002 et le 30 août 2006, lorsque deux des braconniers supposés sont interpellés. Quatre chasseurs, dont deux frères et un garde-chasse auxiliaire, sont sur le banc des accusés.
Trois des inculpés nient toute implication. Ils reportent l’entier de la charge sur le quatrième prévenu, pauvre bougre apparent, qui reconnaît quelques cas, mais refuse de parler au président de la cour, Damien Rérat. En fait, selon les chasseurs accusés, il y a deux «véritables» coupables dans cette affaire: le demi-frère de deux des prévenus, alcoolique, insaisissable, connaissant de gros problèmes, qui s’est suicidé en 2005; et l’inspecteur de police qui a mené l’enquête, qui se serait acharné. Ledit inspecteur se plaint, lui, d’être harcelé et menacé par des messages anonymes. Particularité du policier: il est lui aussi chasseur.
La loi du silence Au-delà des faits que le tribunal examine, pour lesquels le canton de Jura est partie plaignante et civile, réclamant 142 458 francs pour les dommages subis, selon un barème légal pour chaque pièce de gibier abattue illégalement (de 200 francs pour un lièvre à 1600 francs pour un chamois femelle), cette affaire fait le procès du monde de la chasse. Où chacun prétend connaître des cas de braconnages, mais où règne la loi du silence. Où les chasseurs font des battues communes, mais se haïssent en coulisses, pour cause de rivalités et de jalousies.
C’est encore le procès de la surveillance lacunaire de la chasse et des clans familiaux. A croire que, dans les Franches-Montagnes, les forêts seraient des zones de non-droit. Le tribunal rendra son jugement vendredi.