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En Haute-Savoie, ce néonazisme des monts et alpages

Le tribunal d’Annecy a condamné à des peines de prison trois activistes d’ultra-droite pour des violences commises après le match de football France-Maroc. Les groupes identifiés dans la région entretiennent des liens avec la Suisse

Un supporter de l'équipe de football du Maroc brandit un drapeau marocain devant un bar qui diffuse la demi-finale France-Maroc lors de la Coupe du monde disputée au Maroc. Paris, le 14 décembre 2022. — © TERESA SUAREZ / KEYSTONE
Un supporter de l'équipe de football du Maroc brandit un drapeau marocain devant un bar qui diffuse la demi-finale France-Maroc lors de la Coupe du monde disputée au Maroc. Paris, le 14 décembre 2022. — © TERESA SUAREZ / KEYSTONE

Ils sont trois dans le box des accusés, ce 8 février. Deux ont 29 ans, un autre 35. Semblables, tels des frères: massifs, barbus, le cheveu court. Frères de combat, celui de l’ultra-droite qui les pousse à faire le coup de poing, de préférence contre l’étranger même si celui est né en France. Pas Français de souche, selon eux, donc non-Français. Ce 14 décembre 2022, ils descendent de leurs monts et alpages. Ils habitent au-dessus de Thonon, à Orcier et Bons-en-Chablais, à Vallières aussi. Jour du match de Coupe du monde de football, France-Maroc. Ils sont une dizaine, se retrouvent dans un bar équipé d’un grand écran, non loin de la gare d’Annecy. Deux des prévenus disent s’être trouvés là par hasard. L’un serait venu acheter de l’hydromel au marché de Noël. Le troisième, un ancien légionnaire envoyé en Irak entre 2014 et 2016 et qui a déserté, déjà condamné pour port d’armes, nie être allé à Annecy ce soir-là. «Votre téléphone a portant borné», rappelle la présidente du tribunal.

Fin de match. Les artères se remplissent de monde. Drapeaux français et marocains ensemble. Trop de drapeaux marocains au goût du groupe. Un prévenu balance une barre de fer contre la foule. Des gifles contre des individus isolés, un véritable lynchage contre un jeune homme qui a voulu s’interposer. Coup de poing par-derrière, coups de pied au sol. Deux des accusés pratiquent assidûment la boxe dans une salle de Perrignier, près de Thonon. Le jeune homme (18 ans) qui a porté plainte confie au Temps: «J’ai été mis KO, je ne me souviens plus de rien.» Grave trauma crânien. Il ne sait pas quand il pourra reprendre son métier d’artisan. La mère d’une autre victime, un mineur de 17 ans, dit que son fils désormais ne sort plus, par peur.

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