La Haute-Savoie veut séduire les jeunes médecins

Santé Sous-médicalisé, le département propose aux futurs généralistes des incitations financières

La Haute-Savoie a mis en place des bourses de stage afin d’accueillir des étudiants en médecine et de les encourager à s’installer dans le département. Quinze futurs praticiens inscrits aux facultés de Lyon et de Grenoble bénéficient d’une aide financière d’un montant total de 34 800 euros (42 300 francs).

Tous effectuent un stage de six mois (de mai à octobre 2014) chez un médecin généraliste haut-savoyard et perçoivent 400 euros mensuels. «Pour faire face à la désaffection de la filière de médecine générale, la France a rendu obligatoire un stage chez un généraliste pour les étudiants de 8e année. En les aidant financièrement, nous espérons leur donner envie de rester chez nous», explique Philippe Tormento, directeur général des services sociaux au Conseil général de Haute-Savoie.

Comme la plupart des départements français, la Haute-Savoie est confrontée à un déficit en médecins généralistes. Ils sont 700 pour une population de 750 000 habitants. Le Conseil de l’Ordre des médecins estime qu’il faudrait neuf médecins de plus par an pour satisfaire les besoins d’un département économiquement attractif, qui enregistre 10 000 nouveaux résidents chaque année.

Les causes de ce déficit sont multiples: de nombreuses gardes de nuit et de week-end, des lourdeurs administratives, la vie chère et le faible coût de la consultation (23 euros, soit 28 francs). «A ce prix, en Suisse, on n’obtient même pas une coupe chez le coiffeur», ironise René-Pierre Labarrière, président du Conseil de l’Ordre des médecins de Haute-Savoie. Les futurs professionnels plébiscitent donc les postes salariés dans les hôpitaux et les 35 heures. Un sur dix opte aujourd’hui pour le libéral, contre un sur deux dans les années 80.

Des maires de Haute-Savoie font appel à des médecins étrangers, comme à Seyssel, où deux cliniciens roumains exercent depuis 2011. Mais ce type de recrutement, qui reste soumis à l’approbation du Conseil de l’Ordre, ne suffira pas à pallier la sous-médicalisation dont souffrent les campagnes, mais aussi de plus en plus les villes.

Nouvelles normes

Car le département doit faire face depuis juin à la fin du droit d’option en matière d’assurance maladie pour les travailleurs frontaliers. Si ceux-ci peuvent continuer à bénéficier de soins en Suisse, le taux des remboursements sera plus faible et portera sur un accord préalable entre les caisses, qui s’annonce long et fastidieux. «Il fait peu de doute que beaucoup de frontaliers vont se tourner vers les généralistes français, mais aussi des spécialistes comme les ophtalmologistes ou les pédiatres», prédit Philippe Tormento.

René-Pierre Labarrière estime de son côté qu’il est trop tôt pour chiffrer l’afflux de nouveaux patients dans les cabinets de Haute-Savoie. «Les cartes Vitale des nouveaux assurés seront disponibles en fin d’année, nous nous ferons à ce moment-là une idée précise», dit-il. Le Conseil de l’Ordre a soutenu l’initiative du Conseil général visant à aider financièrement les futurs médecins. «Ce coup de pouce devrait inciter les jeunes à rester dans cette région, qui offre une qualité de vie unique en France», assure le docteur Labarrière.