Helvetia incognita: L’huître de Chancy ou le festin de Montaninus
Archéologie
AbonnéÉPISODE 3. A Genève, des fouilles gallo-romaines ont permis de mettre à jour les restes d’une villa et d’un fort, construit sur les décombres de la première, trois siècles plus tard. Ou comment un coquillage permet de reconstruire l’histoire
Modifié vendredi 12 août 2022 à 15:12
Des grottes paléolithiques aux glaces éternelles, en passant par les Celtes et les Romains: cet été, Le Temps creuse la terre avec les archéologues, en faisant remonter à la surface un passé inconnu de la Suisse.
Ce matin de l’an 14 après J.-C., un esclave fait irruption dans les bains de la villa et lance à son maître, en latin: «Domine, Uber Edit [ancêtre de Uber Eats, ndlr] vient de livrer!» En effet, les huîtres du lac Lucrin, en Campanie, sont arrivées dans des fûts d’eau de mer, accompagnées de vin de Falerne, juste à temps pour préparer les Bacchanales. Les coursiers ont acheminé les coquillages jusqu’au domaine de Montaninus, un notable de l’Empire envoyé au point le plus septentrional de la province de la Viennoise, en Gaule, un des seuls endroits où il est possible de traverser le Rhône à gué. Voilà bien des deniers dont Montaninus est heureux de s’acquitter. La fête sera belle.
