Ce 1er Août a d’abord été celui du président de la Confédération. Pour des raisons de tradition bien sûr (les discours, etc) mais aussi parce qu’Ignazio Cassis a choisi de se mettre en scène de manière assez poussée. Il a fait ainsi un tour du pays en train de Lugano à Lausanne en passant par la campagne zurichoise et Yverdon. Alors que monte le débat sur la neutralité, le ministre des Affaires étrangères a été écouté.

Par temps de chaleur, qui revient, et de sécheresse constante, ce 1er août 2022 a aussi été marqué par la crainte des incendies. Notre suivi.

■ Bateaux en feu sur le lac de Sarnen

Le feu d'artifice précu dans le chef-lieu du canton d'Obwald a démarré à dix heures précises depuis les bateaux sur le lac de Sarnen, a indiqué le porte-parole de la police cantonale. Cinq minutes plus tard, un incendie s'est déclaré sur l'un des navires en raison d'un dysfonctionnement dans le matériel, écrit la police dans un communiqué. Malgré l'arrêt des feux peu après le début de l'incendie, les pétards se sont allumés tout seuls avant d'exploser dans tous les sens.

L'incendie s'est alors étendu sur le bateau avant de se propager sur le second, attaché par une corde au premier. Les deux navigateurs ont pu être secourus, l'un d'entre eux étant légèrement blessé. Les flammes ont été domptées sur les deux navires peu après minuit, selon la police. L'institut de médecine légale de Zurich a été sollicité pour désamorcer les feux d'artifice restants.

■ Feu d'artifice sur le Léman

■ L’UDC attaque frontalement Simonetta Sommaruga

C’est ce qui s’appelle un savonnage de planche. Alors même que la ministre de l’Environnement et de l’Energie, entre autres, s’exprimait à ce propos à Fribourg (lire juste ci-dessous), le Tages-Anzeiger publie une interview (payante) de Thomas Aeschi, chef du groupe USC aux Chambres. Il arrose la socialiste de critiques concernant la gestion de la crise de l’énergie, en particulier en vue d’éventuelles pénuries cet hiver, et tranche: il faudrait que le dicastère de l’Energie soit repris par Ueli Maurer, l'UDC qui tient actuellement les Finances.

■ Simonetta Sommaruga promeut des investissements dans l’énergie

«Le tournant énergétique est à notre portée. Même s’il faudra peut-être serrer les dents à certains moments et rogner un peu sur notre confort cet hiver», a déclaré Simonetta Sommaruga ce lundi soir à Fribourg, selon son discours résumé par l’ATS.

La ministre de l’Energie estime qu’il faut continuer à se retrousser les manches. «Car pendant trop longtemps, nous nous sommes reposés sur les importations d’énergie.»

La crise actuelle peut aussi être une chance, estime la ministre. Et de rappeler qu’il y a 100 ans, la Suisse, très dépendante du charbon, a misé sur l’énergie hydraulique «en faisant courageusement de gros investissements dont nous profitons encore. Et maintenant, c’est à notre tour!».

■ L’intronisation fédérale de Plateforme 10 en trois images

Ignazio Cassis a amorcé la fin de son périple helvétique dans le nouveau quartier des arts lausannois, qui jouxte la gare. Le train s’est exceptionnellement arrêté directement entre les deux bâtiments du pôle muséal situé en bordure de la gare de Lausanne. Quelque 600 personnes avaient fait le déplacement, selon l’ATS, pour attendre en plein soleil.

Cette venue constitue comme une deuxième inauguration à cet espace officiellement étrenné il y a un mois.

Le tour de Suisse du président de la Confédération s’achève. Il l’avait nommé «Sur les rails de la diversité suisse». Le concept rappelle la photo officielle du gouvernement pour 2022.

A ce sujet: La photo 2022 du Conseil fédéral montre le poids géopolitique du Plateau

■ A Genève, un frisson dans les airs

A Genève, où l’on ne veut rien faire comme les Confédérés, on s’offre un frisson de 1er Août un peu particulier cette année.

L’équilibriste français Nathan Paulin a traversé la Rade sur une corde tendue entre les Bains des Pâquis et la plage des Eaux-Vives.

■ Le cantique, si urgence

Pris de court parce qu’il faut soudain chanter la patrie et, comme l’écrasante majorité des Suisses, vous ne retenez jamais l’hymne?

Pas de panique, la Confédération a rappelé qu’elle offre les paroles, pour bien faire semblant.

■ Pour lire le discours du président

Si l’on juge qu’on a manqué de discours durant la journée, on trouve désormais le texte du propos majeur du jour, à Lausanne.

■ Sur la place Fédérale, c’est détendu

Alors que Lausanne s’apprête à vivre un moment plutôt formel et fédéral, sur la place devant le Palais fédéral, l’ambiance est plus tranquille.

■ Ignazio Cassis va arriver à Lausanne

Des centaines de Lausannois ont attendu l’arrivée du président de la Confédération sur l’esplanade de Plateforme 10, transformée en véritable voie de gare pour l’occasion.

■ A Obwald, on fait plus original que la fondue

L’Aelplermagronen est un plat de macaronis gratinés, servis avec des rondelles d’oignons grillés et de la compote de pomme. Swissmilk en propose une recette.

On apprend par les images de Keystone que dans la commune de Kerns, à Obwald, la municipalité a offert ce plat alpestre à l’occasion de la fête.

■ Christoph Blocher: «Retour vers l’avenir»

Notre journaliste politique Michel Guillaume a suivi le 1er Août de Christoph Blocher, soudain à nouveau sur le devant de la scène à propos de la neutralité. Il nous donne un avant-goût de son article à venir:

Ah, ces églises! Son grand-père avait été chassé de sa paroisse. Son père aussi! Ceci rappelé, Christoph Blocher, dont on sait qu’il est habité par une responsabilité messianique, se réjouissait de prononcer son discours du 1er août à l’Eglise St. Johann à Schaffhouse. Mais il a été trahi par une acoustique très médiocre, de sorte qu’une partie des quelques centaines de ses fidèles ont eu de la peine à saisir ses paroles.

Le 1er août, ce n’est pas l’Albisgüetli. Le discours de Schaffhouse s’est avéré beaucoup moins politique que la traditionnelle grand-messe de l’UDC se déroulant en janvier sur les hauteurs de Zurich. Venu sans manuscrit, Christoph Blocher n’a ainsi pas abordé la question de la guerre en Ukraine et n’a pas répété que la Suisse avait «pris parti contre la Russie», ce qu’il a claironné dans de nombreuses interviews. S’attardant longuement sur l’histoire suisse, il a beaucoup improvisé. Il a gardé ces reparties qui lui attirent les sympathies de son auditoire et son ample gestuelle. Mais le contenu était plus décousu que d’habitude.

Au terme de ce discours qui a duré une demi-heure, Christoph Blocher rappelle que tous les préceptes à suivre figuraient déjà dans le pacte fédéral de 1291: «Prendre son destin en main, résister ensemble, se rappeler de nos racines: retour vers l’avenir», a-t-il résumé.

■ 150 000 bruncheurs du 1er Août

Cette fois, on a le chiffre: les organisateurs des brunches à la ferme (lire ci-dessous) revendiquent quelque 150 000 participants à leurs petits-déjeuners de mi-journée.

Le brunch à la ferme a ainsi retrouvé son affluence d’avant la pandémie. L’an dernier, l’événement avait attiré 70 000 visiteurs.

■ «Le moment est venu de nous serrer les coudes»

L’allocution officielle du président de la Confédération pour 2022 est en ligne. On y relève: «Vous et moi, nous ressentons la même chose: le monde est plus incertain, plus instable qu’avant. Les défis planétaires que sont les pandémies, le climat, les tensions géopolitiques et maintenant cette guerre en Europe, nous affectent toutes et tous directement. Cette planète est également notre maison. Endettement, inflation, pénurie d’énergie. Ce sont là des risques que nous devons apprendre à gérer. […]

«Le moment est venu de nous serrer les coudes, de dépasser nos propres intérêts. Ce sont dans ces moments-là, précisément, que notre patrie est bien plus qu’un simple mot, bien plus qu’un simple territoire.

«Nous avons le privilège de vivre dans un pays qui offre des perspectives uniques, grâce à l’engagement, à la volonté et la responsabilité de ses citoyens. Ceci fortifie les institutions et leur force d’innovation. Sa réussite, la Suisse la doit à ces atouts qu’elle a su mettre à profit. En conjuguant progrès et traditions, nous avons su rester ouverts à la nouveauté.»

■ Les vœux du président Poutine

On met le tweet en russe pour la VO, mais il existe en allemand. Parmi le déferlement de vœux de la part de représentations diplomatiques (lire aussi plus bas, la bataille du kitsch), il est un message plus remarqué que les autres.

Malgré sa colère concernant la reprise des sanctions européennes, le président russe «a souhaité une bonne fête nationale» à Ignazio Cassis, indique l’ambassade.

■ Les brunches à la ferme toujours populaires

Agir, l’agence de communication agricole, ne donne pas de chiffres – c’est un peu tôt –, mais assure dans un communiqué que les brunches à la ferme du 1er Août «ont toujours la cote».

C’est la 30e fois cette année que les paysans invitent la population pour le brunch. 280 exploitations ont suivi l’invitation de L’Union suisse des paysans.

■ De la lutte au Grütli pour un message apaisant

Des lutteurs sur la pelouse nationale: selon la Société suisse d’utilité publique, qui gère le site du Grütli, c’est la première fois que des combats de lutte ont lieu sur la plaine.

L’Association fédérale de lutte suisse devait être invitée au Grütli pour la Fête nationale en 2020, à l’occasion de ses 125 ans, rappelle l’ATS, mais la fête avait été annulée en raison du Covid. L’année dernière c’était le 50e anniversaire du droit de vote des femmes qui était à l’honneur.

Les huit lutteurs qui se sont affrontés étaient des garçons de 9 à 15 ans de la région de Schwytz.

Cette année, la devise de la Fête nationale était «la lutte pacifique». Nicola Forster, président de la Société d’utilité publique, a expliqué que ce slogan s’inscrivait dans le contexte de la pandémie de Covid. Cette dernière a entraîné des disputes avec des proches, a-t-il ajouté.

Les lutteurs se battent de manière «violente, rude et impitoyable», mais dans le cadre de règles, selon Nicola Forster. Le vainqueur ne laisse pas le perdant dans la sciure, mais lui donne une tape sur le dos pour le débarrasser de la sciure, un geste «touchant», ajoute le responsable.

■ Guy Parmelin: 2022, «pas un excellent millésime»

«Aujourd’hui, il ne faut pas se morfondre, mais faire la fête», a lancé le ministre de l’Economie lors d’un discours dans une ferme d’Oberwald, en Valais, dans un discours que résume l’ATS.

Le vigneron vaudois a certes reconnu que «2022 n’est définitivement pas un excellent millésime. Et l’année n’est malheureusement pas encore terminée», a-t-il ajouté.

Difficultés d’approvisionnement, hausse du coût de la vie, approvisionnement en énergie incertain pour l’hiver prochain, ambiance de crise généralisée: la Suisse traverse probablement la période la plus difficile depuis la dernière crise énergétique, il y a presque 50 ans, a-t-il dit, selon la version écrite de son discours.

«Malgré tout, nous devons aller de l’avant et rester aussi positifs que possible», a-t-il lancé: «Demain aussi, le soleil se lèvera dans cette belle vallée et dans tout notre pays.»

■ L’agenda des autres ministres

Il n’y a quand même pas qu’Ignazio Cassis. Voici donc les programmes des autres conseillers fédéraux:

  • Guy Parmelin a pris un brunch à Oberwald (VS) avant de se rendre à Sessa (TI);
  • Après Lucerne dimanche, Alain Berset se rend à Stein-am-Rhein (SH) puis à Bellerive (VD), au bord du lac de Morat;
  • Karin Keller-Sutter a pris la parole au Moléson (FR, lire plus bas);
  • Viola Amherd s’exprime à Winterthour (ZH);
  • Après Saas-Balen (VS) dimanche, Simmonetta Sommaruga sera lundi soir à Fribourg;
  • Ueli Maurer mènera un marathon, selon l’image de l’agence ATS, qui le conduira de Dietlikon (ZH) à Marbachegg (LU) en passant par Neunkirch (SH).

■ L’appel européen d’Opération Libero

«Il nous appartient maintenant – à nous, la société civile – de mettre un terme à cette forme de procrastination», lance le mouvement pro-européen Opération Libero à propos de l’enlisement de la question européenne à Berne.

Il promeut son initiative sur l’UE, d’ailleurs annoncée par notre journal, et fait, en ce 1er Août, son «discours sur l’état de la nation».

■ Un clin d’œil à Mix & Remix

Notre collègue Arnaud Bédat adresse un sourire à Mix & Remix, disparu en 2016, dont l’un des dessins est désormais un classique de la fête nationale.

■ Le président a fait sa première halte

A 10h, le président de la Confédération Ignazio Cassis a fait sa première halte à Knonau (ZH) vers 10h00. Auparavant, à l’heure du départ, il est arrivé peu avant 8h sur le quai de la voie 2 de la gare de Lugano. Il est accompagné d’un groupe de jeunes italophones.

Pendant le voyage en direction de Zurich, le ministre des Affaires étrangères s’est entretenu avec les jeunes, notamment sur des thèmes d’actualité puis a lancé en riant: «J’espère que vous êtes tous en forme, car la journée sera longue». Le conseiller fédéral et ses accompagnateurs ont partagé un brunch à Knonau.

■ Karin Keller-Sutter: «Ne succombons pas aux passions»

Karin Keller-Sutter s’est exprimée au sommet du Moléson, à plus de 2000 mètres d’altitude, dans le canton de Fribourg.

Son discours a été peu politique, relève notre journaliste à Berne Michel Guillaume. La cheffe du Département fédéral de justice et police s’est contentée de deux phrases sur la guerre en Ukraine, mais n’a pas pipé mot sur le dossier européen, enlisé comme jamais. En ce jour de fête nationale, elle a préféré insister sur les valeurs pour lesquelles il faut se battre plus que jamais. «Ce qui semblait acquis ne l’est plus. Nos libertés, notre sécurité, nos institutions, notre culture politique doivent être défendues.»

Karin Keller-Sutter a aussi prôné une attitude lucide quant à l’état de la Suisse: «Ne succombons pas aux passions.» Ni à celle des critiques qui se perdent dans l’auto-flagellation, ni à celle du triomphalisme du «Y en a point comme nous».

■ Les vœux sur Twitter, la course au kitsch

On l’imagine, les vœux à l’adresse de la vénérable Suisse foisonnent sur les réseaux. Dans l’imagerie qu’on qualifiera de traditionnelle, on peut signaler l’effort de la mission américaine auprès de l’ONU. La photo vient de Pixabay, elle a été utilisée par d’autres ambassades ou missions.

La mission du Kazakhstan, elle, a travaillé son effet carte postale vintage (ou Instagram à la pointe).

Par contraste, on relèvera les vœux de la représentation allemande, un brin plus austères.

■ Une venue perturbée à Granges?

20 Minutes raconte que sur Twitter et Telegram, un groupe, «Element Investigate», axé sur l’opposition aux mesures d’hygiène, menace de perturber la venue d’Ignazio Cassis à Granges. «Certains appellent au boycott de l’événement tandis que d’autres proposent pour le président “un accueil chaleureux en l’arrosant de jus de pomme “», indique le journal.

■ Le parcours du président

C’est donc le grand jour d’Ignazio Cassis. Le président de la Confédération va célébrer le 1er Août avec un tour de Suisse en train. Il veut ainsi marquer le 175e anniversaire des chemins de fer suisses.

  • Il partira de Lugano (TI) à bord d’un train spécial;
  • Il s’arrêtera à Kronau, dans le canton de Zurich, pour un brunch à la ferme;
  • Il passera par Granges, canton de Soleure;
  • Puis à Yverdon (VD);
  • Et il achèvera sa tournée à Lausanne, d’abord dans le nouveau quartier culturel de Plateforme 10;
  • Il descendra ensuite au bord du lac, à Ouchy, pour la cérémonie officielle.

■ Des départs de feu en Valais à cause de feux d’artifice

Plusieurs départs de feu sont survenus à Sion samedi soir suite aux tirs d’engins pyrotechniques qui étaient pourtant interdits. Les pompiers ont rapidement éteint les foyers, tandis que la police a interpellé de jeunes suspects, relate l’ATS.

La Centrale d’engagement de la Police cantonale a été informée à 22h20 de plusieurs départs de feu dans des prés situés aux abords des entrées de l’autoroute A9 à l’est de Sion. Alors que les pompiers éteignaient les feux, des patrouilles de police ont interpellé plusieurs jeunes qui se trouvaient à proximité.

■ Ignazio Cassis prêt à durer jusqu’à 2027

Celles et ceux qui rateraient l’omniprésent président de la Confédération ce lundi 1er août sauront qu’ils auront peut-être d’autres occasions: dans la traditionnelle interview à la RTS, Ignazio Cassis a signalé qu’il est prêt à rester dix ans au Conseil fédéral.

«Je suis très content d’être conseiller fédéral, d’être président de la Confédération cette année. J’ai toujours imaginé pouvoir travailler 10 ans dans cette fonction.» Si le parlement le veut bien, il se tiendra à disposition pour ce laps de temps, soit jusqu’en 2027.

Avec le tournus de la présidence au sein du collège, à l’horizon 2027, il n’aurait en revanche pas la joie de regoûter aux plaisirs d’un 1er août présidentiel.

■ A Bienne, des drones pour des feux

Hier soir, au bord du lac de Bienne, on a tenté la nouveauté. En lieu et place des feux d’artifices, interdits pour cause de chaleur et sécheresse, on a goûté à un spectacle de drones.

Cette chorégraphie aérienne était due à l’entreprise Swiss Drone Show, nous raconte le photographe de Keystone Anthony Anex. Le spectacle s’est tenu dans le cadre du Lakelive festival.

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