Le vendredi 14 juin a lieu la deuxième grève des femmes de l’histoire suisse. Le Temps publie une série d’articles sur les enjeux mis en lumière par cette mobilisation.

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Des journalistes participeront à la grève nationale ce 14 juin pour soutenir le combat pour l’égalité et valoriser la place des femmes au sein des rédactions. «J’ai l’impression que la situation n’évolue pas, regrette Marion Moussadek Emonot, porte-parole du syndicat Impressum pour les journalistes suisses. A la Tribune de Genève, cela fait des années que les trois rédacteurs en chef sont des hommes. Au Temps, ils sont quatre sur cinq à être rédacteur en chef adjoint. Et à Bilan, il n’y a plus que des hommes depuis le départ de Myret Zaki.»

Même si aucune statistique n’existe sur le nombre de femmes et leurs postes au sein des rédactions, l’organigramme des médias permet de se rendre compte de leur présence. Ainsi, en Suisse romande, Caroline Zingg est rédactrice en chef adjointe de L’Illustré, Sandra Jean est directrice des rédactions du Nouvelliste et responsable des magazines pour le groupe de presse romand ESH, Eléonore Sulser est rédactrice en chef adjointe du Temps, Magalie Goumaz est rédactrice en chef adjointe de La Liberté, Laura Drompt est corédactrice en chef du Courrier, Joëlle Fabre et Pascale Burnier sont rédactrices en chef adjointes du 24heures, Sylvie Gardel est rédactrice en chef adjointe de Sept.info, Sophie Winteler est rédactrice ne chef adjointe d'ArcInfo, Danièle Pittet est rédactrice en chef de La Broye, Caroline Gebhard est rédactrice en chef de La Région et Ariane Dayer est rédactrice en chef du Matin Dimanche et de la rédaction Tamedia.

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Des quotas pour renverser la vapeur

Une avancée qui reste insuffisante pour la journaliste Marion Moussadek Emonot. «Trop peu de femmes occupent des postes à responsabilité, dénonce-t-elle. On comprend pourquoi la majorité des éditos sont signés par des hommes.» Pour changer la donne, deux écoles s’opposent: les partisans, ou non, de la mise en place de quotas. «Ce ne serait pas un mal, car à un moment donné il faut prendre le taureau par les cornes», estime-t-elle.

Une stratégie mise en place par le service public. La SSR s’est fixé un objectif en 2014: passer de 26 à 30% de femmes parmi ses cadres en 2020. «L’entreprise compte 29% de femmes cadres, déclare sa porte-parole, Sibylle Tornay. Avec 44% de femmes dans les fonctions journalistiques, la mixité est relativement équilibrée.»

Un constat semblable à celui du groupe Tamedia. Parmi ses journalistes, «les femmes représentent près de 45% des effectifs, observe son responsable de la communication, Simon Koch. La proportion de femmes cadres est de 25% au sein du groupe et une femme siège au conseil d’administration.» Au sein du journal Le Temps, elles représentent 39,6% du personnel de la rédaction. 

Pour augmenter ces résultats, le processus de recrutement de Tamedia a été révisé: «A compétences égales, nous préconisons de donner la priorité aux candidatures féminines.»

L’infériorité des salaires

Mais des différences persistent en termes de revenus. A la SSR, les salaires des femmes sont inférieurs de 2,4% à ceux des hommes. «Une part s’explique par des facteurs non discriminants: les indemnités pour travail de nuit et du week-end, qui concernent avant tout les hommes», justifie Sibylle Tornay. Pour surveiller les salaires, le groupe Tamedia se réfère à «un outil de calcul interne, appuyé sur les prescriptions légales et adapté à notre secteur d’activité. L’écart est très nettement en dessous des 5% prescrits par la loi», détaille Simon Koch. Le résultat des analyses du groupe Ringier, dont fait partie Le Temps, est attendu pour novembre.

C’est donc avec l’équité dans le viseur que des journalistes seront mobilisés ce vendredi. Les collaborateurs de la SSR «souhaitant participer sont libres de le faire, pour autant que ce temps soit pris sur leurs loisirs, précise sa porte-parole. La grève sera traitée sur nos différentes antennes.» Plusieurs actions et traitements éditoriaux sont prévus dans les titres du groupe Tamedia. La rédaction du Temps réalise quant à elle deux éditions spéciales, les 13 et 14 juin.


Cet article a été modifié le 13 juin pour ajouter des noms à la liste des médias cités