Du point de vue de l’harmonisation scolaire romande, ce résultat est-il préférable?
Oui. Certes, les questions des filières et des notes, très disputées, ne font pas partie du processus d’harmonisation. Mais j’avais une inquiétude concernant les moyens d’enseignement. Le concordat Harmos prévoit la coordination entre standard de formation, plan d’étude et moyens d’enseignement. Le concordat scolaire romand va plus loin en prévoyant des moyens d’enseignement communs pour la Suisse romande. Dimanche, les citoyens vaudois ont approuvé ce chemin.
40% des votants qui se défient de l’institution scolaire, c’est beaucoup…
C’est beaucoup et c’est peu! C’est peu si l’on considère que la révision générale d’une loi est une entreprise difficile, car il y a le risque d’un cumul des oppositions, sur les structures, les évaluations, la formation des enseignants, etc. Nombre de cantons ont connu un vote négatif lors de tels scrutins, contrairement au canton de Vaud aujourd’hui. Si vous ne considérez que le pourcentage des non, sans en détailler les motifs souvent partiels, alors oui c’est beaucoup. Qu’une partie de l’opinion manifeste sa défiance, c’est certain. Mais l’école, comme d’autres institutions, est un miroir de la société. Dans les cantons où il n’y a pas de consensus important entre tous les partenaires de l’école, les votes présentent toujours des pourcentages serrés. Un tel consensus se construit dans le dialogue, sur la durée.
Des enseignants se plaignent d’une trop grande politisation de l’école. En tant que politicienne, qu’en pensez-vous?
Je me réjouis que la politique ait redécouvert le thème de l’école et le tienne pour prioritaire. Mais il faut éviter de l’utiliser dans une politique trop partisane. Celle-ci se produit quand on extrait un ou deux éléments du mandat scolaire global pour créer une ambiance hostile à l’institution, un jour les notes, un autre l’orthographe, une fois l’éducation sexuelle, etc.
Plus que par les structures, les vraies solutions aux problèmes de l’école passent par plus de moyens. Vrai ou faux?
C’est une requête que j’entends tous les jours. Trois facteurs principaux jouent un rôle dans le financement de l’école: le taux d’encadrement des élèves (nombre d’élèves par classes et nombre d’appuis), le nombre d’unités d’enseignement ainsi que le niveau salarial des enseignants. Si vous comparez les systèmes, en particulier au plan international, vous verrez que les moyens ne jouent pas forcément un rôle déterminant. La Suisse, en particulier les cantons pour l’école obligatoire, est un des pays de l’OCDE qui investit le plus par élève. La qualité de la formation des enseignants, la clarté de leur mandat, leur motivation, la sérénité du climat scolaire me paraissent déterminants pour l’avenir. Cela dit, plus l’école recherche l’intégration, plus elle nécessite un enseignement individualisé et donc un encadrement personnalisé plus demandeur en termes de ressources.