Sur la couverture, une petite fille, dont le visage s’insère dans la carte du continent africain, sourit. Elle rêve d’un avenir durable pour elle, pour sa famille, pour son pays, pour l’Afrique. Très coloré, très illustré, le livre a tout d’une BD. Mais ce n’en est pas une. Zéro déchet en décharge, c’est possible!, c’est un plaidoyer, c’est un cri du cœur, c’est un vade-mecum, c’est un guide destiné à «un public africain sachant lire, qui sait voir rapidement des opportunités et qui n’est pas frileux à l’idée de devenir entrepreneur», dit son auteure, la conseillère nationale Isabelle Chevalley (PVL/VD). Ou plutôt «Dr» Isabelle Chevalley, puisque c’est ainsi que la Vaudoise signe cet ouvrage de 176 pages publié à compte d’auteur, rédigé en huit mois, tiré à 1500 exemplaires et imprimé au Sénégal. En Suisse romande, indiquer son titre de docteur, cela fait un peu pompeux si l’on n’est pas médecin. En l’occurrence, Isabelle Chevalley est titulaire d’un doctorat en sciences. En Suisse alémanique, cela ne pose aucun problème. En Afrique non plus: «Le titre crédibilise le discours», affirme-t-elle.

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Nombreux voyages outre-Méditerranée

Crédible, elle veut l’être aux yeux de ces Africaines et de ces Africains qu’elle côtoie très régulièrement depuis plusieurs années. Lors de ses nombreux voyages outre-Méditerranée, qu’elle effectue régulièrement entre les sessions parlementaires à Berne, elle a été frappée de voir à quel point la gestion des déchets était problématique. Elle a déjà été sollicitée pour donner des conférences sur ce thème. En ouverture de son livre, elle montre une décharge au Sénégal ainsi que ce qui fut naguère une rivière urbaine et n’est plus désormais qu’un nauséabond dépotoir.

Par sa formation de chimiste, elle a pris ce problème à bras-le-corps. Elle a compilé toutes les informations disponibles sur la manière d’éliminer, de recycler, de retraiter, de transformer les déchets verts, le papier, le carton, les plastiques, les pneus, les briques alimentaires, les cartouches d’encre, le fer, l’aluminium, les déchets électroniques, les piles ou encore le verre.

«Je ne fais que rassembler un savoir qui existe, j’en ai fait un assemblage que j’espère le plus complet possible. Si la réponse à une question portant sur les déchets manque dans ce livre, c’est que j’ai mal fait mon travail», note-t-elle.

Comment faire des bijoux ou des meubles de jardin

Elle explique à son public d’Afrique comment faire une route en pneus, comment séparer les éléments d’une brique alimentaire pour fabriquer du mobilier de jardin, comment façonner des briquettes avec du papier et du carton, comment travailler des sachets en plastique pour confectionner des sacs à main, des bijoux ou des objets décoratifs. «Le recyclage permettra de créer des emplois en Afrique. Ces entreprises se financeront avec la vente des matériaux recyclés», résume-t-elle. Le guide livre quelques astuces. «Il peut paraître a priori technique, mais il est très illustré. Or, une image vaut parfois mille mots», reprend-elle.

Mais, pour se lancer, il faut aussi du matériel, des équipements, des machines, ce qui ne va pas de soi. C’est notamment pour cela qu’elle a publié son recueil à compte d’auteur: elle a pu y glisser des publicités qui, outre le fait qu’elles couvrent un tiers des coûts du livre, donnent des adresses et des liens permettant de savoir où s’adresser pour dénicher des partenaires ou des intermédiaires. Isabelle Chevalley se dit convaincue que les industriels européens, les banques d’investissement seront prêts à jouer le jeu pour soutenir la création d’entreprises de recyclage en Afrique. Un vœu pieux? L’avenir le dira. «Le déchet de quelqu’un est toujours la matière première de quelqu’un d’autre», diagnostique Isabelle Chevalley.


«Zéro déchet en décharge, c’est possible!», par Isabelle Chevalley, 176 pages.