Revue de presse dominicale
Deux agents racontent à la «SonntagsZeitung» comment ils renseignaient les Etats-Unis sur la Genève internationale. Le Ministère public de la Confédération ouvre une procédure. Et encore, le hit parade des subventions fédérales, economiesuisse qui préconise d’embaucher des femmes plutôt que des frontaliers, et Ekedo!
La SonntagsZeitung les appelle Jane et John. Employés d’une société de sécurité installée à Carouge, ils racontent comment ils ont espionné, de 2006 à 2011, pour le compte des Etats-Unis. Dans un rayon de 1 km autour de la mission américaine, leur attention se concentrait sur les bâtiments de l’ONU, les organisations internationales et représentations diplomatiques. «Qui allait où, quel comportement attirait l’attention, qui ne semblait pas être à sa place, un travail de renseignement classique, exliquent-ils. Nous étions huit, nous avions des caméras vidéo, des enregistreurs et des radios.»
Jane et John livraient leurs informations à la Mission américaine, qui se livrait à certains contrôles et les faisait entrer dans la base de données Simas (Security Incident Management Analysis System), alimentée par chaque ambassade des USA dans le monde.
Selon le journal dominical, les Etats-Unis avaient recherché de manière tout à fait transparente, sur Internet, des spécialistes de la sécurité pour la Mission de Genève, en 2005. Dans une prise de position, le Ministère public de la Confédération indique qu’il a ouvert en date du 28 novembre une procédure pénale pour activités illégales en faveur d’Etats étrangers. Il a en effet «connaissance de diverses activités d’Etats étrangers en Suisse», en cours d’analyse.
Les Suisses ouvrent leur porte aux hackers
Les autorités font face à des problèmes de sécurité informatique dans tout le pays, d’ailleurs. Le système de verrouillage des portes du stade du FC Bâle, le dépôt des biens culturels de l’Etat de Vaud, dans l’ancienne centrale nucléaire de Lucens, une station de pompage des eaux usées à Zurich et beaucoup d’autres exemples… L’entreprise italienne d’IS Group, spécialisée dans la sécurité informatique, a découvert 2742 installations connectées à Internet et insuffisamment protégées, explique Le Matin Dimanche. «C’est grave parce qu’elles sont mises en ligne sans véritable réflexion en matière de sécurité», déplore Francesco Ongaro, l’un des experts d’IS Group.
Mais il n’y a pas que les usines dont les hackers peuvent prendre le contrôle à distance, fermer ou ouvrir des portes, modifier des températures, augmenter des débits. La vie privée de plusieurs milliers de Suisses est accessible en un clic. Des centaines de disques durs externes connectés ne sont pas protégées par un mot de passe. Le monde entier peut ainsi accéder à des données très personnelles, comme des photos, des déclarations d’impôts ou des copies numériques de passeport, raconte encore le journal.
Les paysans pour la libre circulation
«Il n’y aura pas de nouvelles négociations de l’accord sur la libre circulation», avertit Richard Jones, l’ambassadeur de l’UE en Suisse. Dans une interview accordée au SonntagsBlick, le diplomate souligne que l’UE ne transigera en aucun cas avec les quatre libertés du marché unique que sont la libre circulation des personnes, des marchandises, des services et des capitaux. La Suisse est un pays européen de taille moyenne, ajoute-t-il, qui ne pourra pas se prévaloir du traitement special accordé au Liechtenstein et à ses 37 000 habitants. L’ambassadeur estime qu’une acceptation de l’initiative de l’UDC «contre l’immigration massive» mettra en péril l’ensemble des accords bilatéraux, mais se déclare convaincu que le résultat des urnes n’amènera pas à une telle situation.
La situation du Liechtenstein est justement celle que Christoph Blocher met en avant pour montrer qu’à ses yeux il est tout à fait réaliste de vouloir renégocier. Mais à deux mois du scrutin, l’UDC apparaît comme très isolée, à l’échelle des appareils en tout cas. Le comité de l’Union suisse des paysans (USP) vient de prendre position contre l’initiative, ce que l’hebdomadaire dominical met sur le compte de son nouveau président, le PDC saint-gallois Markus Ritter, qui a succédé à l’UDC thurgovien Hansjörg Walter.
Le hit-parade des subventions fédérales
Les habitants des Grisons sont ceux qui reçoivent le plus de subventions de la Confédération, selon un classement publié par la NZZ am Sonntag. Le montant des paiements versés pour les routes, l’agriculture et les autres domaines concernés se monte à 3183 francs par habitant. Le Jura occupe la 3e place (2562 francs par habitant), tandis que les Argoviens sont ceux qui coûtent le moins cher à la Confédération (817 francs par habitant). Les autres cantons romands se situent dans le segment moyen. En valeur absolue, les principaux bénéficiaires des subventions directes sont Berne (1,5 milliard), Zurich (1,3 milliard) et Vaud (889 millions). Genève est le canton qui est le moins dépendant de la Confédération, puisque seulement 12% de ses recettes proviennent des subventions fédérales. A l’autre bout du classement, ce taux monte jusqu’autour de 40% pour les cantons de montagne.
Duel pour la présidence du groupe PDC
La présidence du groupe PDC aux Chambres fédérales, qui est à repourvoir, oppose deux candidats, les conseillers aux Etats Filippo Lombardi et Pirmin Bischof. Selon l’explication qu’en donne le SonntagsBlick, le Soleurois s’est déclaré à l’instigation de la commission de sélection, qui ne voulait pas que le controversé Tessinois soit seul en lice. Pirmin Bischof aurait le soutien du président du parti, Christophe Darbellay.
Embaucher des femmes plutôt que des frontaliers
Le nouveau président d’Economiesuisse, Heinz Karrer, défend la voie bilatérale dans une interview à l’hebdomadaire Schweiz am Sonntag. «Si nous voulons moins de frontaliers, nous devons mieux exploiter le marché du travail intérieur», lance-t-il toutefois, préconisant une politique plus active de (ré)intégration des femmes dans le monde professionnel. Selon les chiffres 2012, en Suisse 73,6% des femmes travaillent, ce qui est déjà beaucoup par rapport à la moyenne des pays de l’UE (58,6%), mais c’est souvent à temps partiel.
La Bolivie veut récupérer Ekeko
Enfin, la Bolivie réclame à la Suisse la restitution d’une œuvre d’art de son patrimoine indien, nous apprend le SonntagsBlick. Le president Evo Morales s’en préoccupe directement et le sujet a déjà été évoqué entre l’ambassadrice bolivienne et Eveline Widmer-Schlumpf. Il s’agit d’une petite statuette de pierre, haute de 15 cm, représentant Ekeko, le dieu de la fertilité des peuples andins, qui se trouve au Musée historique de Berne, où elle est présentée comme une «divinité des eaux péruvienne». Cet objet saint avait été ramené en Suisse au 19e siècle par le Glaronais Johann Jakob von Tschudi, quand il était ambassadeur au Brésil. Il se vante dans son livre «Voyages à travers l’Amérique du Sud» d’avoir réussi à échanger la statuette contre une bouteille de cognac, lors d’une rencontre avec des indigènes sur les rives du lac Titicaca.